Lettre d'information | Septembre 2025
Chers amis de l’Ordre de la Libération,
Nous sommes heureux de retrouver nos fidèles lecteurs et, avec cette lettre d’information, nous reprenons notre rendez-vous mensuel de fin de mois, interrompu, comme chaque année, au cœur de l’été.
Mais nous avons gardé le contact avec vous via nos réseaux sociaux relatant les coulisses de l’engagement des Compagnons et de manière plus triste le départ d’un médaillé de la Résistance. Vous avez été nombreux à les consulter.
Cette lettre vous relate donc les activités marquantes de la chancellerie, de son musée et de ses partenaires, de mi-juillet à fin septembre.
Cette lettre vous informe également de la nomination d’un nouveau président et Délégué national de l’Ordre.
Nous vous souhaitons une bonne lecture.
La rédaction.

Fin de mandat et nomination d’un nouveau président et Délégué national de l’Ordre de la Libération.
Madame, monsieur,
Arrivé au terme de mon deuxième mandat, le 14 janvier 2025, et ne pouvant pas être renommé pour cause de limite d’âge d’un président d’établissement public, le président de la République m’a demandé d’exercer l’intérim de la fonction jusqu’à ce qu’il nomme un nouveau président et Délégué national de l’Ordre de la Libération.
J’ai l’honneur et le plaisir de porter à votre connaissance que le chef de l’Etat a nommé à cette responsabilité, pour prise de fonction le 1er octobre 2025, le général d’armée Thierry Burkhard, ayant quitté les fonctions de chef d’état-major des Armées le 25 août 2025.
Cette nomination montre l’importance de l’Ordre de la Libération dans le paysage régalien de notre patrie, et l’attention portée au deuxième Ordre national par son protecteur.
Pour ma part, ayant eu à conduire la transition avec la disparition du dernier Compagnon, et à mettre en ordre de marche l’Ordre de la Libération vers ses nouvelles missions de « boussole de citoyenneté » en donnant à la jeunesse de France l’exemple de l’engagement des Compagnons de la Libération et des médaillés de la Résistance, j’ai le sentiment d’avoir rempli la mission dans la fidélité avec les volontés des derniers Compagnons et en loyauté avec les directives du chef de l’Etat.
Général Baptiste
Président et Délégué national de l’Etablissement public « Ordre de la Libération ».
Visite de la Coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme (CNRLT) à la chancellerie

Le 19 septembre, le musée de l’Ordre de la Libération a eu l’honneur d’accueillir le préfet Pascal Mailhos, coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme à l’occasion d’un séminaire organisé pour ses équipes.
Après une matinée dédiée à des ateliers de travail, le préfet et ses équipes ont bénéficié d’une visite commentée du musée par le directeur/conservateur, Vladimir Trouplin.
Cette visite fut l’occasion de rappeler l’actualité et la force des valeurs portées par l’Ordre de la Libération dans la lutte pour la liberté.
Nous avons posé une question au préfet Pascal Mailhos : Monsieur le préfet, vous avez souhaité réunir votre équipe à l’Ordre de la Libération et lui permettre de visiter son musée. Pouvez-vous nous dire ce qui a guidé votre choix ?
« L’Ordre de la Libération incarne les plus belles valeurs françaises. Alors que le pays s’est abimé dans la capitulation, le général de Gaulle a relevé son honneur et sa dignité.
A ses côtés, 1038 Compagnons, de toutes origines et de toutes conditions, se sont dressés pour dire non au déshonneur et pour lutter résolument à la restauration d’un Etat républicain libre et digne.
Mes rencontres avec certains Compagnons, Alain Savary, Jean-Pierre Vernant, Nicolas Wyrouboff, Fred Moore, Etienne Schlumberger notamment, ont été source d’inspiration et de gratitude.
J’ai souhaité que mon équipe de la CNRLT (Coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme) prenne exemple sur les valeurs de l’Ordre - le refus de la fatalité - et garde en mémoire les parcours valeureux des 174 Compagnons issus des services de renseignement.
La visite du musée de l’Ordre, guidée par l’excellent directeur et ami Vladimir Trouplin fut un moment privilégié. »
Inauguration d’une plaque en l’honneur de 16 Compagnons de la Libération en Corrèze

À l’occasion de la 21ᵉ cérémonie de la Résistance unie, de la déportation et des martyrs, au mémorial de Vitrac-sur-Montane, un hommage a été rendu aux 16 Compagnons de la Libération liés à la Corrèze, par leur naissance, leur inhumation ou leurs actions (Martial Brigouleix, Gilbert Bugeac, Roger Ceccaldi, Eugène Déchelette, Louis Godefroy, Georges Guingouin, Gérard Hennebert, Xavier Chérade de Montbron, André Lalande, Roger Lescure, André Malraux, Georges Moneger, Pierre Pouyade, Jacques Renouvin, Paul Rivière, Elie Rouby). À cette occasion, une plaque commémorative portant leurs 16 noms a été dévoilée.
Plus de 150 jeunes corréziens étaient présents, et ont pris part à la cérémonie en déposant les gerbes et en prêtant leur voix à la lecture du message du Mémorial.
Pascal Coste, président du Conseil départemental de la Corrèze, a appelé toute cette jeunesse à faire vivre cette mémoire commune avec force, fierté et fidélité. Il a également rappelé que, hier comme aujourd’hui, la Croix de Lorraine qui domine le Mémorial demeure le symbole d’une France éternelle, attachée à ses valeurs et unie dans l’épreuve.
Remise officielle d’objets de René Génin au musée de l’Ordre de la Libération
Le 15 septembre, le musée de l’Ordre de la Libération a eu l’honneur de recevoir un précieux ensemble d’objets et d’archives ayant appartenu à René Génin, Compagnon de la Libération.
Cette remise officielle, empreinte d’émotion, s’est déroulée en présence du délégué national, le général Baptiste, de la famille et d’amis de la donatrice, Marie-Clotilde Génin-Jacquey, fille du Compagnon.
Les pièces confiées retracent le parcours militaire et l’engagement de René Génin au sein de la France libre. Parmi elles figurent notamment son diplôme de Compagnon de la Libération, une copie d’une lettre du général de Gaulle adressée à Marguerite Génin, six de ses décorations dont sa croix de chevalier de la Légion d’honneur, un porte-monnaie en cuir et plusieurs correspondances de René Génin.
Cet ensemble vient enrichir les collections du musée et contribue à transmettre la mémoire et l’héritage de ceux qui se sont engagés pour la liberté de la France.
Inauguration d’une plaque en l’honneur de Fred Moore à Brest

Dans le cadre du 80e anniversaire de la Libération de Brest, le maire a rendu un hommage à Fred Moore, Compagnon de la Libération, grand'croix de la Légion d'honneur et dernier chancelier de l'Ordre de la Libération. Une plaque a été dévoilée au 24 rue du Château à Brest, lieu de naissance de Fred Moore, en présence de Jean-Philippe Setbon, sous-préfet de Brest, d'élus de la ville et de membres d’associations mémorielles.
Passation du drapeau des communes médaillées de la Résistance française à Thônes
Le 20 septembre, à Thônes (Haute-Savoie), le délégué national de l’Ordre de la Libération, le général Baptiste, présidait la cérémonie de passation du drapeau des communes médaillées de la Résistance française.
Voir le reportage complet dans la rubrique "La médaille de la Résistance française".
Le délégué national en déplacement au lycée Lalande de Bourg-en-Bresse

Le 19 septembre, le délégué national, s’est rendu au lycée Lalande de Bourg-en-Bresse (Ain), seul lycée civil décoré de la médaille de la Résistance française (décret du 3 octobre 1946).
Accueilli par Eliane Magurno-Peinnet, proviseure, monsieur Clément, directeur académique des services de l’éducation nationale de l’Ain, et par Françoise Courtine, maire adjointe représentant monsieur Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse, le délégué national a déposé une gerbe en mémoire des élèves du lycée de Lalande morts au combat ou en déportation. Il a ensuite découvert le parcours mémoriel mis en place par les lycéens au sein de l'établissement.
Inauguration de la place Daniel Cordier à Bordeaux
Le 23 septembre 2025, le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, a inauguré la place Daniel Cordier, Compagnon de la Libération, située à proximité de sa maison natale, au 17 rue Ernest-Renan.
Une plaque biographique a également été apposée sur sa maison natale afin de rappeler le parcours de celui qui a marqué l’histoire de la France libre.
Lors de la cérémonie, un discours du délégué national de l’Ordre de la Libération a été lu par Françoise Basteau, secrétaire générale adjointe de l’association nationale des familles de Compagnon de la Libération.
Monsieur le maire,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs en vos rangs, grades et qualités,
Mesdames et messieurs,
Le général Baptiste, délégué national de l’Ordre de la Libération, m’a demandé de vous lire ce message.
En 1940, la France comptait 40 millions de français. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, ils ne seront que 1038 à avoir été faits « Compagnons de la Libération ». Ces 6 femmes et 1032 hommes, dont 76 étranger, composeront avec les 23 Compagnons à titre collectif -5 communes et 18 unités militaires-, cette « chevalerie exceptionnelle créée au moment le plus grave de l’histoire de la France », selon les mots du général de Gaulle instituteur et Grand Maître de l’Ordre de la Libération.
Et Daniel Cordier était un de ces 1038, un de cette phalange magnifique, un de cette aristocratie de l’honneur.
L’Ordre de la Libération est un Ordre égalitaire, tous les Compagnons étant sur le même pied. Mais, si la plupart des Compagnons sont entrés dans l’histoire avec discrétion, certains ont émergé à la lumière, à l’instar de Daniel Cordier, qui, du fait de sa proximité dans l’action clandestine avec Jean Moulin, du danger partagé et de son admiration envers son chef direct, l’amèneront pour défendre après-guerre la mémoire de « Rex », pseudonyme de Jean Moulin, à devenir un historien reconnu et dont les écrits sur la Résistance sont un apport considérable pour comprendre cette épisode tragique de notre histoire. Il sera également chancelier d’Honneur de l’Ordre de la Libération et l’avant-dernier Compagnon.
Alors qu’avec la signature de l’armistice, rien n’oblige et tout incline à se courber et à se soumettre, et qu’un certain nombre de nos compatriotes de l’époque iront jusqu’à la compromission voire la collaboration y compris dans cette ville, un petit nombre de français dès l’été 1940, et Daniel Cordier était de ceux-là, du fond du tunnel noir de la défaite et de l’occupation, ont su faire fi du constat de la situation dramatique de notre patrie en juin 1940, ont individuellement eu foi en l’avenir d’une France Libre, et ont parfaitement illustré la pensée du philosophe Alain, pour qui : «si le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté ». Ils constitueront l’ossature de l’Ordre de la Libération.
Il est probable que jamais dans la longue histoire de notre pays, une épopée collective basée sur l’engagement volontaire allant jusqu’au don de soi ait, à un tel point, réuni des individus aux origines si diverses, aux sensibilités politiques, philosophique et spirituelles si éloignées, si ce n’est parfois franchement antagonistes. Ils ont su sublimer leurs différents pour la liberté de leur patrie.
L’histoire multiséculaire de notre cher et vieux pays est ainsi ponctuée de ces destins exceptionnels qui marquent les esprits, mais qui, si on n’y prend pas garde, deviennent souvenirs et s’estompent.
Après-guerre, le philosophe et résistant Vladimir Jankélévitch, affirmait que, je le cite « ceux qui ont disparu à tout jamais n’existent plus que par nous et dans la pieuse fidélité́ de notre mémoire : si nous perdions leur souvenir, ils n’existeraient plus du tout. Le passé, comme les morts, a besoin de nous ».
C’est pour cela que votre initiative de ce jour est à saluer, car elle permet à Daniel Cordier, et par là même, à ses Compagnons, de continuer d’exister et de ne pas s’évanouir dans le brouillard cotonneux d’une mémoire collective parfois chancelante. Oui, pour le dire avec Jankélévitch, aujourd’hui, par l’inauguration de cette place Daniel Cordier ainsi que le dévoilement de cette plaque sur la façade de sa maison de naissance, vous participez ainsi à cette exigence morale tout à fait essentielle de le garder vivant en nous.
Mais réciproquement, nous les vivants, avons besoin de nous souvenir de ces parcours édifiants. En effet, notre peuple a une ardente nécessité de connaître, de faire connaître et de partager le récit de l’épopée des héros disparus, car, nous le savons bien, la volonté d’une Nation a un besoin fondamental de se nourrir de vies exemplaires.
Et cela dans le contexte actuel, où d’une part, face à des forces centrifuges visant à miner l’unité nationale et face à l’activisme de certains prônant le rejet du pacte républicain, il s’agit de réaffirmer que la seule communauté qui vaille est la communauté nationale pour l’honneur et la liberté de laquelle les Compagnons ont combattu.
Contexte où d’autre part, face à la double menace d’un terrorisme en expansion et d’une désinhibition de puissances impérialistes à faire primer le droit du plus fort sur le droit international, il faut armer le caractère des citoyens afin que « l’esprit de Défense », soit plus que jamais le rempart de la cité.
Et, devant ce monde en désordre, il faut, bien évidemment, continuer à croire en la victoire des démocraties, à la condition qu’elles en aient la volonté, volonté maître-mot de l’engagement des Compagnons.
Le général de Gaulle affirmait que : "Le souvenir ce n'est pas seulement un pieux hommage rendu aux Morts, c'est aussi un ferment toujours présent dans les actions des vivants".
C’est pour cela qu’il est bon, comme vous le faites en ce jour, monsieur le maire, de vivifier les engagements lumineux comme celui de Daniel Cordier qui, avec ses Compagnons, sont autant de « boussoles de citoyenneté et de ferment de volonté » à la disposition de nos compatriotes.
L’Ordre de la Libération exprime sa vive reconnaissance et remercie très chaleureusement tous ceux qui sont à l’initiative et à la réalisation de ce moment.
Je remercie également madame Françoise Basteau, petite-fille du Compagnon de la Libération Raoul Béon tombé pour libérer la France, d’avoir bien voulu lire ces mots. Selon la volonté des Compagnons, elle est habilitée, durant cette cérémonie, à porter sur le côté droit de la poitrine, la Croix de la Libération de son Grand-père.
Général Baptiste.
Délégué national de l’Ordre de la Libération.

Parce qu’un musée d’histoire contemporaine est constitué d’objets qui témoignent que « l’histoire a eu lieu » mais également d’archives et de photographies sans lesquelles la contextualisation est impossible, parce que le musée de l’Ordre détient aussi dans ces domaines des collections d’une grande richesse, il nous a semblé intéressant d’élargir désormais à ces trois domaines la rubrique de « L’objet du mois », en laissant à ceux qui en ont la charge directe le soin de les choisir et de les commenter.
Dans le but de valoriser ses collections et d’accroitre son rayonnement, le musée de l’Ordre de la Libération met progressivement en ligne ses collections sur le site internet de l’Ordre.
L'archive du mois par Roxane Ritter, responsable des archives et du centre de recherche
Née le 12 août 1928, Annie Zwobada est âgée de 11 ans lorsque les Allemands arrivent à Nantes le 19 juin 1940. Pendant l’Occupation, Annie et sa famille multiplieront les changements de domiciles entre Nantes, Paris, Cholet et Angers.
En 1945, alors qu’elle est élève de seconde au lycée de Nantes, la Croix-Rouge lance un concours dans les établissements scolaires sur le thème « Racontez la guerre ». Annie décide de raconter sa guerre dans un petit carnet bleu à spirales de 34 pages sous le titre de Nantes sous la peste verte. A travers des dessins humoristiques et des descriptions particulièrement acérées et poignantes, elle brosse le tableau de ces quatre années vécues par une adolescente juive. Annie décrit l’Occupation, la Résistance, les privations mais aussi ses espoirs, ses rires et la Libération.
Annie Zwobada fera don de son carnet au musée en 2004. Il sera ensuite publié en 2018 par son fils, Nicolas Prudhomme, aux éditions Myosotis books.
L'objet du mois par Lionel Dardenne, assistant de conservation
Prises de guerre de Geoffroy Frotier de Bagneux
Au milieu des années 1930, les hauts dignitaires du régime nazi s’installent sur le plateau de l’Obersalzberg, quartier de Berchtesgaden en Bavière, à la suite d’Adolf Hitler qui y a fait bâtir sa résidence, le Berghof. Surplombant l’Obersalzberg, le Kehlstein accueille également le « nid d’aigle » d’Hitler. Des soldats de la 2e division blindée du général Leclerc, en avant-garde des troupes américaines, prennent Berchtesgaden le 4 mai 1945 et hissent le drapeau tricolore sur le Berghof et le « nid d’aigle ». Ils s’emparent ainsi de plusieurs prises de guerre dans les résidences d’Hermann Goering, de Martin Bormann ou d’Adolf Hitler. Parmi eux, Geoffroy Frotier de Bagneux, officier de la 2e DB, saisit des objets emblématiques et tout à fait exceptionnels, parmi lesquels la clé du Berghof, la carte de membre des SS d’Adolf Hitler portant le n°1, le livre Erinnerung an Sans-Souci provenant de la bibliothèque personnelle du Führer, un diplôme de citoyen d’honneur de la ville de Stuttgart décerné à Adolf Hitler, un brassard de dirigeant politique du Parti nazi et le fusil de chasse drilling d’Hermann Göring.
Prendre ses armes à l’ennemi vaincu, ses emblèmes ou ses biens personnels est une tradition guerrière aussi vieille que la guerre elle-même. Affirmation de la suprématie du vainqueur, la prise de guerre illustre l’inversion du rapport de force. Ainsi, la présence d’éléments de la 2e DB à Berchtesgaden en mai 1945 est une marque éclatante de la revanche. Pour le soldat français, dont le pays a été sévèrement battu en juin 1940, pénétrer ainsi cinq ans plus tard au Berghof, dans la maison du Führer, qui fut aussi un des hauts lieux du pouvoir et de la diplomatie nazie, revient à «laver l’affront ». Loin d’un pillage mercantile, les objets dont il se saisit alors concrétisent sa participation à l’écroulement du nazisme.
Musée de l’Ordre de la Libération
Don des enfants de Geoffroy Frotier de Bagneux
N° d’inventaire : 2025.11.1, 2025.11.22, 2025.11.13, 2025.11.12, 2025.11.4, et 2025.11.11
La photographie du mois par Béatrice Parrain, responsable des collections photographiques

A l’automne 1944, à cause des rigueurs du climat, des « Pacifiens » (soldats originaires de Nouvelle-Calédonie et de Tahiti) du Bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique sont relevés et cantonnés à la caserne de La Tour Maubourg aux Invalides. Ces hommes, qui avaient rejoint la France libre en 1941 pour combattre successivement en Libye, Égypte, Tunisie, Italie et en métropole, forment la compagnie de QG n° 31. Ils sont affectés à la garde du gouverneur militaire de Paris, le général Koenig. Ce dernier, bien connu de ces soldats, était en effet leur chef à Bir-Hakeim.
Le 20 septembre 1945, le général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire, accompagné du général Legentilhomme, nouveau gouverneur militaire de Paris, du capitaine Hervé, commandant du Détachement du Pacifique à Paris, et d’André Diethelm, ministre de la Guerre, passe en revue ce Détachement. Il s’agit du dernier jour dans la capitale française de ces hommes venus de l’Outremer et qui ont combattu courageusement au sein de la France libre pour la libération du territoire.
Ils passent par la caserne de Saintes puis de Saint-Laurent-du-Var avant d’embarquer en mars 1946 à Marseille pour leur Océanie natale.

La période estivale a été l’occasion d’apporter de la nouveauté à notre offre culturelle dont les 21 150 visiteurs aoûtiens ont pu profiter. Entre autre, une application dédiée au public étranger présentant le musée dans son entièreté en anglais. De nouveaux partenariats avec des relais du champ social et du handicap, ainsi que le développement d’une visite immersive pour les scolaires viennent étoffer notre offre et renforcer les liens avec nos partenaires.
Signature d’une convention tripartite avec l’AP-HP et le Musée de la Résistance nationale
Une convention avec l’AP-HP lie déjà nos institutions depuis plusieurs années. Afin de faire évoluer notre partenariat, nous avons eu l’opportunité d’y joindre le musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne. De concert avec Amélie Marzet, médiatrice culturelle au MRN, nos interventions à l’hôpital Cochin se feront désormais à deux voix, sur des thèmes communs à nos deux établissements.
Journée de sensibilisation pour les relais du champ social

Le 17 septembre, nous avons accueilli les représentants et bénévoles de quatre associations du champ social. L’occasion de leur faire découvrir le musée et notre offre adaptée à leur public. La visite a été suivie d’un temps d’échange qui nous a permis de mieux comprendre leurs besoins et de réfléchir ensemble à des projets de médiation pour leurs adhérents. Cette rencontre a également acté le début du partenariat avec l’association Savoirs pour Réussir avec qui nous avons signé une convention en mai 2025 et dont le projet, labellisé « Agir contre l’illettrisme » par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, se déroulera jusqu’en décembre.
Inauguration d’une nouvelle visite immersive pour les CM2 à l’occasion des Enfants du Patrimoine

Bâchis sur la tête et kit de résistants en poche, les élèves de CM2 ont la possibilité de se plonger dans l’univers de la Résistance grâce à la nouvelle visite immersive. A l’occasion des Enfants du Patrimoine, trois classes ont pu inaugurer cette visite élaborée par Maxime Bouchet (étudiant à Sciences-Po) lors de son stage au musée avec la supervision de notre médiatrice Emma Pollo.
Journées Européennes du Patrimoine

Rendez-vous de la rentrée, les Journées Européennes du Patrimoine ont eu lieu le 20 et 21 septembre. L’Ordre de la Libération était présent à l’Ecole militaire, qui a ouvert ses portes pour l’occasion, pour faire découvrir l’histoire des Compagnons et des médaillés grâce à notre mallette pédagogique et aux explications de nos médiatrices ainsi que celles de notre responsable des archives, Roxane Ritter, et de l’assistant du conservateur, Lionel Dardenne. En parallèle, le guide LSF (langue des signes française) Jean-François Kaczmarek a fait découvrir, au musée, la galerie dédiée à la déportation de répression dans une nouvelle visite qui intègre elle aussi notre offre.
Visite de l’amicale des inspecteurs de l’académie de Paris

Le 25 septembre, plus de 20 inspecteurs académiques de Paris, guidés par nos deux médiatrices, ont visité nos collections. Consolidant nos liens avec l’académie, ces visites ont permis aux inspecteurs de (re)découvrir le musée, de prendre connaissance de notre offre pédagogique et surtout de transmettre cette dernière aux professeurs du secondaire.

La République française honore onze résistants tombés pour la France
Par décret du président de la République en date du 8 juillet 2025, publié au Bulletin officiel des décorations, médailles et récompenses du 1er septembre 2025, faisant suite à l’avis émis par la commission nationale de la médaille de la Résistance française dans sa séance du 30 avril 2025, la médaille de la Résistance française est conférée à titre posthume à madame Jeanne Griselin, ainsi qu’à messieurs Camille Atrux, Georges Bernard, Joseph Borgne, Frantz Marcel Boucher, Aloïse Eckert, Jules Guihard, Alexandre Guillot, Pierre Radermecker, Germain Record et Jean-Louis Scottet.
Don des archives de Suzanne et Robert Guionnet

Le 9 juillet 2025, Martin Aleberteau, chargé de gestion documentaire au service de la médaille de la Résistance française, s’est rendu à Poitiers afin de récupérer, auprès de monsieur Robert Aigret, petit-neveu de Robert Guionnet, les archives personnelles de ce dernier. Robert et son épouse Suzanne étaient tous deux médaillés de la Résistance française (avec rosette pour Robert Guionnet).
Le fonds remis témoigne à la fois du parcours professionnel de Robert Guionnet, de ses activités résistantes sous l’Occupation, ainsi que de son engagement après la Libération. Il comprend en outre de nombreux dossiers individuels des membres du groupe de résistance de Châtellerault auquel il appartenait, offrant ainsi une source précieuse pour l’histoire locale et pour l’étude des organisations résistantes de la Vienne. Il contient aussi de nombreuses pièces décrivant l’activité de Suzanne Guionnet au sein du réseau de renseignement Alliance.
Passation du drapeau des villes médaillées de la Résistance
Le 20 septembre, à Thônes (Haute-Savoie), Didier Moncany, maire de Terrou (Lot), a transmis le drapeau des communes médaillées de la Résistance française au délégué national de l’Ordre de la Libération. Celui-ci l’a ensuite confié à Pierre Bibollet, maire de Thônes, ville médaillée de la Résistance par décret du 15 octobre 1945. Cette cérémonie s’est déroulée en présence notamment d’Emmanuelle Dubée, préfète de la Haute-Savoie, et de Martial Saddier, président du conseil départemental.
Chaque année, selon un ordre alphabétique immuable, les communes décorées se passent le relais de ce drapeau. Il incarne à la fois leur fidélité aux idéaux de la Résistance et leur désir ardent d’en préserver la mémoire pour la transmettre aux plus jeunes. Ce passage solennel s’accompagne toujours d’une cérémonie vibrante, où les histoires – parfois marquées par la douleur – de chacune de ces communes se rejoignent pour ne former qu’une seule voix.
Au cours de cette cérémonie, le délégué national, en sa qualité de président de la commission nationale de la médaille de la Résistance française, a remis à Roland Atrux la médaille de la Résistance française décernée à titre posthume à son père, Camille Atrux, résistant des Glières, mort pour la France, par décret du 8 juillet 2025.
Profitant de ce déplacement à Thônes, le général Baptiste et Fabrice Bourrée, responsable du service de la médaille de la Résistance, ont déposé une gerbe au monument de la nécropole de Morette. Le délégué national et le maire de Thônes en ont déposé également une au monument situé sur le plateau des Glières.
Remises de médailles de la Résistance à titre posthume

Par décret du 30 septembre 2024, le président de la République a attribué la médaille de la Résistance française, à titre posthume, à dix résistants morts pour la France, dont Clément Beaud, Gabin Savanier et William Short. Faisant suite à ce décret, deux remises officielles ont été organisées en août et septembre.
Au Puy-en-Velay (Haute-Loire), le 18 août 2025, Jean-Pierre Masson a remis à leurs descendants la médaille de la Résistance française décernée à titre posthume à Gabin Savanier et Clément Beaud. Cette remise s’est déroulée à l’occasion de la commémoration de la libération du Puy-en-Velay.
Le 6 septembre, à Tortebesse (Puy-de-Dôme), Isabelle Neuschwander a remis à Yannick Bony, maire de Tortebesse, la médaille de la Résistance française conférée à titre posthume à William Lloyd Short, citoyen britannique. En l’absence de descendants, et compte tenu de de la volonté de la municipalité de pérenniser la mémoire de ce résistant, le délégué national de l’Ordre de la Libération a accepté, à titre exceptionnel, que la médaille et le diplôme afférent soient confiés à madame la maire pour être exposés au sein de la mairie.
Ces deux cérémonies, empreintes d’émotion et de grande solennité, se sont déroulées en présence des autorités militaires et civiles régionales, départementales et locales. Il convient de rappeler que seuls le président et les membres de la Commission nationale de la médaille de la Résistance française sont habilités à remettre cette distinction.

Hommage au Compagnon Paul-Jean Roquère

Le samedi 30 août 2025, la ville de Draguignan a rendu un hommage solennel à l’un de ses enfants, Paul-Jean Roquère, Compagnon de la Libération, disparu en mission durant la Seconde Guerre mondiale.
À l’occasion de ce qui aurait été son 109e anniversaire, une stèle commémorative a été inaugurée au parc Chabran, en présence de nombreuses autorités civiles et militaires, ainsi que de représentants d’associations patriotiques. Ce monument, réalisé avec le soutien du camp de Canjuers et orné d’un avion métallique conçu par les élèves du lycée Léon Blum, symbolise le courage et l’engagement de ce Dracénois d’exception.
Né à Draguignan le 30 août 1916, Paul-Jean Roquère fut reconnu à titre posthume comme Compagnon de la Libération. Son nom figure désormais sur le monument aux morts de la ville, grâce à l’initiative de l’Association nationale des officiers de réserve de l’armée de l’Air et de l’Espace pour le département du Var (ANORAAE Var).
Porté disparu dans l’Atlantique sud et déclaré « mort pour la France » le 15 mars 1943, Paul-Jean Roquère incarne les valeurs de bravoure, de sacrifice et de fidélité à la patrie. Ce geste mémoriel s’inscrit dans une volonté collective de transmettre son histoire aux générations futures. La cérémonie s’est déroulée en présence de :
• Mme Françoise Dumont, sénatrice du Var
• M. Richard Strambio, maire de Draguignan et président de Dracénie Provence Verdon agglomération
• M. Jean-Yves Fort, adjoint délégué à la Sécurité et à la Défense
• Le capitaine (R) Rémi Le Fourn, président de l’Union nationale des combattants – secteur Draguignan
• Le colonel (H) Yvan Escrihuela, président de l’ANORAAE Var, membre de l'Association nationale des Familles de Compagnon de la Libération
• Ainsi que de nombreux élus et membres d’associations patriotiques. Ce moment de recueillement et de transmission rappelle l’importance de préserver la mémoire des Compagnons de la Libération, dont l’héritage continue d’inspirer notre engagement citoyen.
ANNIVERSAIRE DE LA LIBÉRATION DE NEVERS (Nièvre)
Le dimanche 7 septembre 2025, Nevers célèbre sa libération. Cette journée, moment crucial pour honorer ceux qui ont contribué à la paix et à la liberté, rassemble la communauté locale, les autorités et les citoyens autour d’une cérémonie symbolique et d’un moment de recueillement à la stèle des Compagnons de la Libération de la Nièvre.
La cérémonie revêt une importance particulière, elle rend hommage aux héros qui ont combattu pour la liberté durant des périodes difficiles. La présence de représentants officiels, tels que le maire de Nevers, monsieur Denis Thuriot, et la préfète, madame Fabienne Decottignies, souligne la signification de cet événement pour la commune et la région.
Cette année, monsieur Éric Segonne, délégué AFCL pour les départements de la Nièvre et de l'Allier, a prononcé un discours. Puis, le colonel Xavier Rival, commandant de la base aérienne d’Avord, a rendu un hommage particulier à Henry Bouquillard, Compagnon de la Libération, en évoquant son courage et son dévouement. Il a également mentionné Pierre Tassin de Saint Péreuse, Compagnon de la Libération, afin de rappeler l’importance de leur contribution à la liberté.
Pour clôturer cette cérémonie, des gerbes de fleurs ont été déposées par les représentants officiels

Prix littéraire de la Résistance CAR - Souvenir Français - Ordre de la Libération 2025
Créé en 1961 par le Comité d’action de la Résistance (CAR), lui-même créé en 1948 à l’initiative de résistants, ce prix a pour objectif de récompenser un ouvrage pour ses qualités littéraires et historiques sur la Résistance, la France libre ou la Déportation. Le Souvenir Français, héritier du CAR, pérennise depuis 2016 ce prix littéraire. En 2023, l’Ordre de la Libération est devenu partenaire du prix, ainsi renommé Prix littéraire de la Résistance CAR – Souvenir Français – Ordre de la Libération.
Les membres du jury du prix littéraire de la Résistance CAR - Souvenir Français - Ordre de la Libération, se sont réunis à la chancellerie de l’Ordre de la Libération le 3 septembre 2025. Ils ont décerné le prix à Uwe Wittstock pour son ouvrage, Marseille 1940. Quand la littérature s’évade, paru aux éditions Grasset, 2025.
L’ouvrage raconte l’invasion de la France par l’Allemagne et les destins brisés des réfugiés qui avaient fui la barbarie nazie outre-Rhin. Écrit comme un roman, ce livre d’histoire est à la fois la biographie d’un héros aussi exceptionnel que méconnu – le journaliste américain Varian Fry, à la tête du comité de secours qui sauva des milliers de vie par l’attribution de visas –, et une galerie de portraits où l’on croise les plus grandes figures intellectuelles et artistiques de l’époque – Hannah Arendt, Walter Benjamin, Heinrich Mann, Anna Seghers, André Breton, Max Ernst ou encore Chagall. Relégués au rang de parias par l’instauration du régime de Vichy, tous ces personnages se côtoient dans un climat d’ébullition extraordinaire et rêvent d’embarquer pour l’Algérie, le Portugal ou les États-Unis.

Dernière occasion de (re)découvrir notre visite théâtralisée « La Résistance entre en scène » !

Laissez-vous guider par des comédiens de la compagnie Ankréation incarnant des Compagnons de la Libération et des médaillés de la Résistance française, et découvrez les parcours de ces femmes et de ces hommes qui se sont battus pour la liberté.
80 ans après la Libération, vous serez plongés dans la clandestinité de la Résistance intérieure et le poids du système concentrationnaire, mais aussi dans l’aventure incroyable des combats en Afrique et de la libération de la France.
⚠️ Ces visites exceptionnelles prendront fin en décembre 2025 : seulement trois dates restent programmées : les 5 octobre, 26 octobre et 23 novembre 2025
Plus d’informations et inscriptions en cliquant ici
16 octobre : Soirée culturelle

Pour la soirée culturelle du mois d’octobre, le musée vous propose de découvrir les coulisses de la création du podcast Compagnons de la Libération, une série immersive qui donne vie aux parcours de 6 héros.
Comment construit-on un récit historique et captivant ? Quelles étapes rythment la création d’un podcast : choix des témoins, écriture, enregistrement, réalisation, montage sonore… ?
Autour d’une table ronde, les créateurs et contributeurs du podcast viendront partager leur expérience et échanger avec le public.
En présentiel ? L’inscription est obligatoire, pensez à réserver votre place en cliquant ici
À distance ? Suivez la conférence en direct sur la chaîne YouTube de l’Ordre. (Aucun compte n’est nécessaire pour y accéder.)
20 novembre : Soirée culturelle
À l’occasion de la soirée culturelle du mois de novembre, le musée de l’Ordre de la Libération vous propose une conférence – dédicace autour de l’ouvrage Condamnées à mort - L'épuration des femmes collaboratrices, 1944-1951, par son auteur, Fabien Lostec.
Dans ce livre, l’historien explore le destin de 651 femmes condamnées à mort à la Libération, dont 46 furent exécutées. Au-delà des clichés sur la « collaboratrice sentimentale », il dresse le portrait de femmes engagées auprès de l’ennemi, impliquées dans des actions violentes, des déportations et des assassinats.
En présentiel ? L’inscription est obligatoire, pensez à réserver votre place en cliquant ici.
À distance ? Suivez la conférence en direct sur la chaîne YouTube de l’Ordre. (Aucun compte n’est nécessaire pour y accéder.)