
Joseph Jean BORGNE
Biographie
Né le 22 novembre 1913 à Carhaix (Finistère), Joseph Borgne est guichetier-facteur à la gare SNCF de Plouguer. Il est par ailleurs membre de l’Action française. En 1934, il effectue son service militaire au 72e régiment d’artillerie à Vincennes. Mobilisé le 25 août 1939 et affecté au 402e régiment de défense contre les aéronefs (DCA), il prend part aux combats de Rethel et sur la Loire. Domicilié à Carhaix, Joseph Borgne a épousé Marie Pastor. Le couple a élu domicile rue Brizeux au-dessus du café tenu par sa belle-sœur, elle-même compagne de Jean Lamandé, ancien radio de la Marine nationale.
C’est en août 1941 que Joseph Borgne est mis en relation avec Jean Le Roux , fondateur avec Robert Alaterre du réseau Johnny. Ayant rejoint la France libre, Alaterre et Le Roux débarquent à Lampaul-Ploudalmézeau le 18 mars 1941 avec deux postes émetteurs. Le réseau Johnny a la tâche de recueillir des informations sur les croiseurs Scharnhorst et Gneisenau et sur le résultat d'attaques aériennes que multiplie la Royal air force pour les mettre hors de combat. Avec l'aide de Finstériens, et notamment d'une femme, Yvonne Le Roux dite Tante Yvonne, le réseau rassemble de nombreux renseignements et, surtout, les fait parvenir par radio. Dès le 12 mars 1941, depuis l'hôtel des Postes de Kerfeunteun, un faubourg de Quimper, Jean Le Roux, radio expérimenté, parvient à joindre les services londoniens : c'est la première liaison clandestine opérée par un réseau.
La mise en relation de Joseph Borgne et Jean Le Roux est réalisée par Jacques Andrieux , docteur à Carhaix, et Jean Lavalou , pharmacien du Guilvinec. Le Roux et les deux intermédiaires se connaissant depuis l’organisation d’une évasion maritime vers en Angleterre, avec le navire L’Émigrant en décembre 1940.
Joseph Borgne sollicite l’aide de Jean Lamandé (compagnon de la sœur de son épouse) pour l’installation d’un poste émetteur à Carhaix, ce que ce dernier accepte. Deux jours plus tard, Lamandé ramène un poste émetteur dans l’appartement occupé par Joseph et Marie Borgne. Le jour-même, en présence de Jean Le Roux, Jean Lamandé et Joseph Borgne tentent un contact avec l’Angleterre. Après plusieurs tentatives infructueuses, la connexion est établie.
Les émissions et réceptions débutent depuis Carhaix, semble-t-il le 23 août 1941. Jean Lamandé ne chiffre pas lui-même les messages et se contente de transmettre ceux que lui fournissent le réseau. Le premier message est porté par Robert Alaterre en personne.
Joseph Borgne se charge des liaisons entre Carhaix et Rosporden, d’où les messages sont apportés par un ami cheminot sur Quimper. Les messages à destination de l’Angleterre suivent le trajet inverse. Vingt-cinq messages cryptés sont transmis en Angleterre et treize sont reçus. Moins de vingt jours après sa mise en place, le poste radio de Carhaix tombe à la suite d’un repérage par les services allemands de détection radiogoniométrique. Le 9 septembre 1941, les deux couples sont arrêtés et le poste radio émetteur saisi.
Conduits à la Kommandantur de Guingamp, où a lieu un premier interrogatoire, les quatre français doivent être remis au contre-espionnage allemand, l’Abwehr d’Angers, siège de ce service pour le Grand Ouest (District B). D’abord détenu à la prison d’Angers puis transféré le 20 décembre à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), Joseph Borgne comparaît devant le tribunal militaire du Gross Paris, rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) qui, le 16 juillet 1942, prononce une condamnation à mort à son encontre pour « espionnage ». Joseph Borgne dépose un recours en grâce qui n’aboutit pas.
Joseph Borgne est fusillé le 24 juillet 1942 à la forteresse du Mont-Valérien. Dans une dernière lettre, adressée à ses parents et frères et sœurs, il avait écrit ces derniers mots : « Au revoir tous mes très chers. Je pars sans un regret sans une larme en bon Français et en bon Chrétien ».
Le réseau Johnny fut pratiquement anéanti dans le courant de l’année 1942. C'est un des réseaux qui subit le plus de pertes avec sa filiale « Ker » : sur 197 agents homologués, 53 furent tués et 60 déportés ou internés.
Mort pour la France, homologué au grade de sous-lieutenant, Joseph Borgne a reçu à titre posthume la Médaille militaire et la Croix de guerre (décret du 12 octobre 1945). Le titre d’interné résistant lui est attribué le 14 novembre 1958. Une rue de Carhaix porte son nom ainsi qu’à Brest. Son nom figure sur le monument aux morts de la ville de Quimper (Finistère) et sur le monument commémoratif du Mont-Valérien. La médaille de la Résistance française lui est décernée à titre posthume par décret du 8 juillet 2025.