Musée de l'ordre de la Libération

Lettre d'information | Mars 2023

Chers amis de l’Ordre de la Libération,

Alors que l’atmosphère générale est tourmentée, l’arrivée du printemps, toujours porteur de reviviscence et d’espoir nous remet en souvenir cet extrait des « Mémoires de Guerre » du général de Gaulle : « Vieille France, accablée d'Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau ! ».
Et le renouveau passe par la jeunesse qui reste la cible principale de nos actions et à qui nous donnons « ceux qui n’ont jamais désespéré de la France » comme source d’inspiration.
Dans cette nouvelle lettre, vous pourrez parcourir vos rubriques habituelles pour découvrir les nombreuses activités qui ont animé, durant le mois de mars, la chancellerie de l’Ordre, son musée et ses partenaires. Vous pourrez également prendre connaissance de l’agenda d’avril.
Bonne lecture.
La rédaction.

Hommage à Leonel de Moustier

© Ordre de la Libération

Le 2 mars, les acteurs de la troupe bisontine du théâtre de la Clairière ont interprété une pièce nommée « Un homme libre, Léonel de Moustier 39-45 » dans les salons de l’Assemblée nationale en présence du délégué national et de madame Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale.

Cette pièce est un hommage au Compagnon de la Libération Léonel de Moustier, l’un des 80 parlementaires ayant refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Engagé dans la Résistance dès 1941 avec une partie de sa famille, il mourut en déportation au kommando de Farge en mars 1945.

Madame Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale et le délégué national
© Assemblée Nationale
© Ordre de la Libération

Visite de Sébastien Lecornu, ministre des Armées

Sébastien Lecornu et le délégué national
© Ordre de la Libération

Le 6 mars, le délégué national a accueilli à la chancellerie monsieur Sébastien Lecornu, ministre des Armées, pour échanger sur l'Ordre de la Libération et les actions menées par l'Ordre pour la jeunesse de France. Ils ont également évoqué les unités militaires Compagnon. 

Le ministre des Armées devant la plaque des 1 038 hommes et femmes, 18 unités militaires et 5 communes Compagnons de la Libération.
© Ordre de la Libération

Le conseil d’administration

© Ordre de la Libération

Le 10 mars, en raison de la difficulté pour les administrateurs de se déplacer à la chancellerie, du fait du mouvement social, le conseil d’administration de l’Ordre de la Libération s'est tenu en distanciel. Ce premier conseil de l’année a permis de rendre compte de l’exécution budgétaire 2022, de revenir sur les dons et acquisitions de 2022 et de présenter les projets de l’année 2023.

 

 

Gino Piastrelli, agent comptable, Vladimir Trouplin, directeur scientifique et conservateur du musée de l'Ordre, le délégué national et madame Aurélie Loison, secrétaire général.
© Ordre de la Libération
© Ordre de la Libération

Visite du président de la République

Le 11 mars à la chancellerie, en marge de la cérémonie d’hommage aux victimes du terrorisme, le président de la République et protecteur de l’Ordre s’est entretenu avec le délégué national qui lui a rendu compte des activités de l’Ordre de la Libération.

 

© Présidence de la République
© Ordre de la Libération
© Ordre de la Libération

Visite d'une délégation de l'inspection de l'armée de l'Air et de l'Espace

© Ordre de la Libération

Le 21 mars, le délégué national a accueilli à la chancellerie le général de Rancourt, inspecteur général de l’armée de l’Air et de l’Espace, arrière-neveu du général Henri de Rancourt, Compagnon de la Libération, et plusieurs membres de son équipe. Après une présentation de l’Ordre et de son musée par le délégué national, le groupe a pu suivre la visite des salles dédiées aux Forces aériennes française libres (FAFL) avec Lionel Dardenne, assistant de conservation.

© Ordre de la Libération
© Ordre de la Libération

Accueil d'un groupe de l'état-major des Armées

© Ordre de la Libération

Le 22 mars, le délégué national a accueilli à la chancellerie un groupe d'officiers de l'état-major des Armées. Cette délégation, conduite par le général d'armée Eric Autellet, major général des Armées, a ensuite pu découvrir le musée à travers le parcours des Compagnons de la Libération. 

Le délégué national et le général d’armée aérienne Éric Autellet, major général des Armées.
© Ordre de la Libération
Visite du musée par Vladimir Trouplin, conservateur et Leslie Houam, chargée des publics
© Ordre de la Libération

Le Dictionnaire des Compagnons est en librairie !

© Ordre de la Libération

Retrouvez dès maintenant en librairie la dernière édition complète et définitive du Dictionnaire des Compagnons de la Libération écrit par Vladimir Trouplin et qui retrace les parcours exemplaires de ces 1 038 hommes et femmes, l'action de ces 18 unités militaires et la résistance de ces cinq communes françaises titulaires de la plus prestigieuse des distinctions.

 En savoir plus 

49 euros
1692 pages
format 17x24 cm
imprimé en France (Normandie Roto Impression)
ISBN 9782356393456

Le conseil lecture

André Bollier "Vélin"

Artisan héroïque des journaux clandestins (1920-1944)

André Bollier fut une figure de la Résistance française. Membre du mouvement combat il fut un imprimeur clandestin d'une efficacité exceptionnelle et trouva la mort à Lyon en juin 1944 dans une attaque de son atelier par la Gestapo et la Milice.

Travailleur infatigable, il va brillamment mener de front son métier d’ingénieur, sa vie de famille et la fabrication des journaux, des tracts et des faux papiers. Il n’hésite pas, quand il le faut, à faire le coup de feu, c’est notamment lui qui dirige la spectaculaire évasion de Berty Albrecht en décembre 1942.

Après avoir créé de toutes pièces une imprimerie clandestine rue Viala à Lyon, celui qui s’appelle désormais « Vélin » fournit, au début de l’année 1944, plus d’un million et demi de journaux et de tracts par mois pour plusieurs mouvements de Résistance de la zone sud et de la zone nord (Combat, Franc-Tireur, Défense de la France, La Voix du Nord…).

Arrêté et torturé à plusieurs reprises, il parvient à s’évader et à reprendre son activité. Le 17 juin 1944, encerclé dans son imprimerie par plus de 150 soldats et miliciens allemands, il livre héroïquement un ultime combat.

Né quelques mois après sa mort, son fils Vianney Bollier dessine ici un portrait saisissant de ce héros encore mal connu de la Résistance française.

 

Editions du Félin 
Parution le 22 mars 2023
ISBN : 978-2-86645-988-8
Livre en librairie au prix de 22 €
224 pages

 

Bollier

 

Parce qu’un musée d’histoire contemporaine est constitué d’objets qui témoignent que « l’histoire a eu lieu » mais également d’archives et de photographies sans lesquelles la contextualisation est impossible, parce que le musée de l’Ordre détient aussi dans ces domaines des collections d’une grande richesse, il nous a semblé intéressant d’élargir désormais à ces trois domaines la rubrique de « L’objet du mois », en laissant à ceux qui en ont la charge directe le soin de les choisir et de les commenter.

L'objet du mois par Lionel Dardenne, assistant de conservation

Nécessaire de couture d’Alain de Boissieu

Cette trousse de couture contient du fil, des aiguilles, une paire de ciseaux, cinq bobines de fil françaises et britanniques ainsi que trois paires de lacets. Considéré comme relevant uniquement de la ménagère, mais déjà présent dans le paquetage des légionnaires romains et des grognards de la Grande armée, le nécessaire de couture est un élément indispensable du soldat. Pratique et pouvant être emporté sur les champs de bataille, il permet de maintenir en l’état un équipement souvent acheté aux frais du combattant. Dans les conflits modernes et encore aujourd’hui, il reste essentiel pour réparer un uniforme et des chaussures, autant pour l’apparat que pour le confort du soldat.

 

Musée de l’Ordre de la Libération
Don d’Anne de Laroullière

N° d’inventaire : 2023.6.8

© Musée de l'Ordre de la Libération

L'archive du mois par Roxane Ritter, responsable des archives et de la bibliothèque

Poème de Robert Rognon, "Le dit de la campagne de Libye", complétant sa série de dessins humoristique consacrés à la campagne de Libye 1940-1941.

Beau-père du Compagnon Benjamin Favreau, Robert Rognon est un ancien combattant de 14/18. Engagé malgré son âge au 1er bataillon d’infanterie de marine en 1940, il est l’auteur, sous le nom de C. R. Kidney, d’une série de dessins humoristiques consacrés aux campagnes de Libye et de Syrie (1940-1941). Sur ses dessins, les soldats figurent sous les traits d’éléphants reprenant les mêmes traits que Babar, personnage alors très populaire de la littérature pour la jeunesse. Robert Rognon complètera sa série de dessins par un poème humoristique.

Don de Robert Rognon.

© Musée de l'Ordre de la Libération
Planche du 21 juin 1941 : "Et le 21 juin 1941 à 17h00 devant une foule silencieuse, curieuse et un peu inquiète le BIM poudreux et éreinté fait son entrée dans la capitale conquise (Damas)".
© Musée de l'Ordre de la Libération
Planche n°25, "On Duty" dans les rues de T. (Tobrouk). Anisette italienne offerte par un soldat australien à un soldat français habillé en soldat anglais. 30 janvier 41.
© Musée de l'Ordre de la Libération
Planche n° 26, "Et c'est encore ainsi que la semaine suivante, le vaillant BIM revenu à son point de départ, après une brillante campagne, défilait en chantant dans les rues ensoleillées de l'« Émeraude du désert ». : C'est à M... M.....h (Marsa Matruh) qu'il faut creuser des trous, nous disait dans nos rêves le général C....x (Catroux) !!!".
© Musée de l'Ordre de la Libération

La photo du mois par Béatrice Parrain, responsable des collections photographiques

© Musée de l'Ordre de la Libération

Atlantique-Nord, le 11 mars 1943. La corvette Aconit effectue une opération de grenadage. 

La corvette Aconit fait partie des neuf corvettes mises à la disposition des Forces navales françaises libres par l’amirauté britannique. Elle est placée, avec une soixantaine d’hommes, sous le commandement du lieutenant de vaisseau Jean Levasseur en juillet 1941.

C’est le 11 mars 1943 qu’elle connaît son plus haut fait d’armes : la destruction en moins de 12 heures de deux sous-marins allemands. Ce jour-là, à 1H35, la corvette qui participe à l’escorte d’un convoi de dix bâtiments éperonne et coule le sous-marin allemand U444 puis, le même jour vers 13H00, venue à la rescousse du destroyer britannique Harvester, attaque à la grenade et au canon le U432 qui coule à son tour. Elle recueille une trentaine de rescapés anglais de l’Harvester et 20 prisonniers allemands de l’U432 dont l’officier en second et 4 prisonniers de l’U444.

Le 21 avril, à Greenock en Écosse, le général de Gaulle remet la croix de la Libération à la corvette Aconit ainsi qu’au commandant Levasseur.

© Musée de l’Ordre de la Libération

La Rose-Lys et l'Aconit en patrouille
La corvette aconit
© Musée de l'Ordre de la Libération

Les visites de mars

Visite des membres de l’Amicale nationale des Fusiliers Marins et Commandos de Lorient accompagnés de deux élèves de 3e et de leur professeur
© Musée de l'Ordre de la Libération

En ce mois de mars 2023, le service des publics a accueilli différents groupes au musée parmi lesquels :

  • des membres de l’Amicale nationale des Fusiliers Marins et Commandos de Lorient accompagnés de deux élèves de 3e et de leur professeur ;
  • deux classes du collège La Pajotterie de Châteauneuf-en-Thymerais (28). L’une a ensuite participé à un atelier « Résistance et récits radiophoniques » tandis que l’autre a poursuivi sa découverte des Compagnons grâce au « Serious game : au temps des héros » sur tablette ;
  • des élèves de 3e du collège Emile Zola (92) ont suivi une visite-atelier « Résistance et récits radiophoniques »
  • une classe de 3e du collège Wolfang Amadeus Mozart (91) ainsi qu’une classe du collège Jacqueline Auriol (92) et de l’école élémentaire Hudon (75) ont visité le musée grâce au « Serious game : au temps des héros »
  • dans le cadre de la récente signature d’une convention avec la Protection judiciaire de la jeunesse de Paris (PJJ), un groupe de mineurs isolés afin de leur faire découvrir le musée et le parcours des Compagnons de la Libération.

Deux classes du collège La Pajotterie de Châteauneuf-en-Thymerais (28)
© Musée de l'Ordre de la Libération
Visite « Serious game : au temps des héros » sur tablette
© Musée de l'Ordre de la Libération
Visite « Serious game : au temps des héros » sur tablette
© Musée de l'Ordre de la Libération
Accueil d'un groupe de mineurs isolés dans le cadre de la récente signature d’une convention avec la Protection judiciaire de la jeunesse de Paris (PJJ)
© Musée de l'Ordre de la Libération

Visite à distance avec le Mexique

 

Depuis le début de l’année, le service des publics propose aux classes géographiquement éloignées de Paris, de découvrir les collections du musée à distance. Grâce à une visite virtuelle à 360°, une médiatrice peut ainsi conduire les élèves dans les espaces permanents. Le 1er mars, c’est une classe de 3e du lycée franco-mexicain de Mexico qui a pu bénéficier de cette visite en dépit de la distance et du décalage horaire.

 

 

© Musée de l'Ordre de la Libération

Prêts au musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin

© Paris Musées

Dans le cadre de l’exposition « Soldats du désert. Leclerc et les Britanniques. 1940-1943 », présentée au musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin du 16 mars au 16 juillet 2023, le musée de l’Ordre de la Libération a prêté une dizaine d’objets et documents de ses collections.

Parmi les objets, plusieurs ont appartenu au Compagnon de la Libération André Geoffroy : trois boussoles dont une allemande et une anglaise, un porte-cartes et un uniforme de capitaine avec son képi.

André Geoffroy se rallie au général de Gaulle dès août 1940, lors de l’arrivée du commandant Leclerc à Douala au Cameroun. Promu capitaine en janvier 1941, il prend part à la traversée du désert et participe à la prise de Koufra (Libye) en mars de la même année. Il fera les campagnes du Fezzan et de Tunisie et participera également à la libération de Paris en 1944. André Geoffroy trouve la mort en septembre 1944 lors des combats des Vosges.

Le musée a également prêté deux objets ayant appartenu au colonel Leclerc au Tchad : un poignard ouvragé portant une croix de Lorraine gravée et une broche en forme de croix de Lorraine.

 

 

Poignard et broche du commandant Leclerc
© Musée de l'Ordre de la Libération
Uniforme et porte-cartes d'André Geffroy
© Musée de l'Ordre de la Libération
Vitrine avec les boussoles d'André Geoffroy
© Musée de l'Ordre de la Libération

Visites théâtralisées pour les scolaires

© Musée de l'Ordre de la Libération

Cette année, le musée propose aux collégiens et lycéens de découvrir le musée grâce à des visites théâtralisées. Guidés par des comédiens incarnant des Compagnons de la Libération et des médaillés de la Résistance française, les élèves sont sensibilisés aux parcours de ces femmes et de ces hommes à travers la France libre, la Résistance intérieure et la Déportation de répression. Après cette visite, un échange avec les médiatrices et les comédiens permet aux élèves de consolider leur apprentissage et leur découverte des Compagnons.

Question au professeur « Pourquoi avez-vous choisi d’amener vos élèves assister à cette visite théâtralisée ? »

Réponse de l'enseignante : « C’est grâce à l'une de mes collègues qui avait déjà assisté à une visite théâtralisée avec sa classe. Les élèves étaient ravis de découvrir le parcours des Compagnons grâce aux comédiens, c’est une expérience d’apprentissage très positive ».

Réaction d'un élève : « C’était bien car il y avait plus d’émotion et c’était plus vivant qu’un cours d’histoire ou une simple visite guidée. J’ai découvert plein de choses sur les résistants ». 

© Musée de l'Ordre de la Libération
© Musée de l'Ordre de la Libération
© Musée de l'Ordre de la Libération

Soirée culturelle

Le 30 mars, Jean-Christophe Notin, nous a fait l’honneur de sa présence en donnant une conférence sur "la Résistance à l'heure des réseaux sociaux". Il est notamment revenu sur la création de son compte Twitter Paroles de Combattants. 

Voir ou revoir la conférence 

La Corvette Aconit

© Marine Nationale

Le 11 mars 2023, les marins de la frégate de type La Fayette (FLF) Aconit ont commémoré les 80 ans de la destruction de sous-marins allemands par la corvette Aconit des Forces navales françaises libres.

Les différents bâtiments de la Marine nationale qui ont par la suite porté le nom Aconit, entre la frégate de type F65 puis la FLF, en ont conservé les traditions et décorations. Ainsi, son pavillon de beaupré est celui des Forces navales françaises libres et les marins qui y sont affectés portent la fourragère verte de la croix de la Libération ainsi que celle verte rayée de rouge de la croix de Guerre 1939-1945.

La cérémonie s’est déroulée au fort Lamalgue, sous la présidence du vice-amiral d’escadre Gilles Boidevezi, préfet maritime de la Méditerranée. En présence de représentants de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, de descendants de marins de la corvette Aconit et de délégations d’unités des Compagnons de la Libération ainsi que des familles des marins de la FLF, les marins nouvellement embarqués se sont vus remettre les fourragères de la croix de la Libération et de la croix de Guerre. Un discours du délégué national de l’Ordre de la Libération a ensuite été lu.

Cette commémoration a été l’occasion également pour l’équipage de l’Aconit de faire vivre ses partenariats, en présence de jeunes stagiaires de la préparation militaire Marine de Nice ainsi qu’une délégation de la ville de Chalon-sur-Saône.

Remise de la fourragère de l'Ordre de la Libération à un nouveau embarquant sur l'Aconit
© Marine Nationale
© Marine Nationale
© Marine Nationale

Les nouveaux patrouilleurs outre-mer (POM) portent les noms de Compagnons de la Libération originaires des départements et territoires d’outre-mer.

Le premier des 6 patrouilleurs outre-mer de la série "Félix Eboué", l’ "Auguste Bénébig"  a appareillé de Brest le 17 janvier pour la Nouvelle-Calédonie où il sera affecté.

Appelés à remplacer les patrouilleurs de 400 tonnes du type «Audacieuse», ces nouveaux patrouilleurs sont pratiquement deux fois plus grands. Ils ont été commandés à un chantier civil, la SOCARENAM. La coque a été construite dans le chantier de Saint-Malo. Remorquée à Boulogne elle a reçu, dans le chantier local, la majorité de ses équipements et pris armement pour essais en recevant son équipage. Cette période étant achevée, le patrouilleur a rejoint Brest pour compléter son armement et poursuivre ses essais avant de rallier son port base Nouméa, où il sera admis au service actif.

Le deuxième patrouilleur le «Teriieroo a Teriierooiterai» est sorti du chantier de Saint-Malo et a rallié Boulogne où il a pris armement pour essais. Après son passage à Brest qui devrait arriver dans les prochains mois, il ralliera la Polynésie pour être admis au service actif.

La construction de la coque de l’ "Auguste Techer" destiné à La Réunion est en cours à Saint-Malo.

Le quatrième patrouilleur le "Jean Tranape"  sera affecté en Nouvelle-Calédonie, le cinquième le «Philippe Bernardino» en Polynésie française et le dernier le "Félix Eboué" à La Réunion.

Ces patrouilleurs outre-mer ont pour mission la sauvegarde maritime du territoire et l'action de l’État en mer, avec un armement adapté et sans capacités offensives significatives. D’un déplacement de 1300 tonnes à pleine charge,  ils font 80m de long et 11m80 de large, et d’un tirant d’eau de 3,5 m. Armés par un équipage de trente marins, ils peuvent recevoir vingt-neuf passagers supplémentaires et assurer le soutien de plongeurs. Ils seront amenés à évoluer dans l’immensité des zones maritimes françaises, en zone indopacifique, au service de la souveraineté de la  France, dans des zones de forte chaleur et d’ hydrométrie élevée, pour des missions sans ravitaillement d'une durée avoisinant les trente jours, avec une capacité de manutention autonome pour le levage de matériels. Ils disposeront de deux embarcations rapides d'intervention, longues d'environ 8 m, et d'un système de mini-drones aériens embarqués pour la Marine (SMDM).

 

© Marine Nationale
© Marine Nationale
© Marine Nationale
© Marine Nationale

Chloé Lopez, stagiaire au service de la médaille de la Résistance

© Ordre de la Libération

Etudiante dans le Cursus intégré franco-allemand en Histoire des universités Paris-Cité et Bielefeld, je souhaite devenir chercheuse en Histoire contemporaine et prépare actuellement les candidatures pour les masters franco-allemand en Histoire.

Dans le cadre de mes études, j’ai saisi l’opportunité de faire un stage dans une institution culturelle et historique afin de mieux comprendre les métiers liés au travail de l’historien, principalement en archivistique. Cela me permet donc d’acquérir et de développer de nouvelles compétences techniques, tout en découvrant le service de la médaille de la Résistance française et son fonctionnement.

Sous la direction de Fabrice Bourrée, responsable du service de la médaille de la Résistance française, je prends part aux différentes missions auxquelles le service doit répondre. Ainsi, je participe activement au classement et à l’inventaire d’archives ainsi qu’au reconditionnement des dossiers individuels des médaillés de la Résistance française. Je contribue également à la numérisation des mémoires de proposition pour l’attribution de la médaille de la Résistance conservés au sein de ce service.

Ce stage me permet enfin de découvrir les autres services de l’institution, comme le service de médiation, la régie des collections ou bien le centre de documentation.

Dans cette mesure, ce stage enrichit pleinement mon parcours tant professionnel que personnel. Je découvre ainsi un aspect concret de la formation de premier cycle en Histoire et complète mon profil plus axé sur la recherche.

Je tiens à remercier chaleureusement Fabrice Bourrée et Mathieu Blanchard qui me permettent d’évoluer au sein du service de la médaille de la Résistance française avec bienveillance et professionnalisme ainsi qu’au reste de l’équipe qui m’a accueillie et me fait découvrir le quotidien de l’Ordre et leurs différentes missions.

Collecte nationale d’archives sur les médaillés de la Résistance, un premier bilan prometteur

Remise de la médaille de la Résistance à Marie-Marcelle par le général Leclerc, Compagnon de la Libération à Saint-Sever le 26 novembre 1945
© Musée de l'Ordre de la Libération

Le 9 février dernier, à l’occasion du 80e anniversaire de la création de la médaille de la Résistance française, l’Ordre de la Libération lançait une collecte nationale d’archives numériques relatives aux médaillés de la Résistance. Deux mois après son lancement, le premier bilan est positif et plutôt encourageant pour la suite de cette opération. Grâce aux brèves et articles publiés dans Le Figaro et Ouest-France, dans certaines lettres d’informations et sur les réseaux sociaux (Editions Archives & Culture, Geneanet…), nous avons reçu 25 propositions de dons d’archives numériques.

Sur l’ensemble de ces propositions, 17 ont déjà abouti à l’envoi de nombreux documents issus d’archives privées et publiques. Parmi les documents reçus figurent des photographies, des correspondances familiales, des attestations et cartes diverses (titres délivrés par l’ONACVG ou cartes associatives), des articles de presse, autant de documents que l’on ne retrouve pas dans les fonds publics et qui sont pourtant essentiels pour approfondir notre connaissance des médaillés et de leurs parcours. Les photographies permettent également de découvrir de façon plus humaine ces médaillés. A titre d’exemple, nous avons reçu de Philippe Saint-Sever les articles de presse et la photographie de la remise de la médaille de la Résistance à sa grand-mère, Marie-Marcelle Saint-Sever, par le général Leclerc à Erstein le 26 novembre 1945.

Si vous souhaitez déposer des archives numériques ou faire numériser vos documents, nous vous accueillons à l’Ordre de la Libération sans rendez-vous le mardi de 9h à 12h et de 14h à 17h. Pour tout renseignement sur cette collecte : collectemrf@ordredelaliberation.fr ou 01-80-05-90-82.

 

Un parcours approfondi grâce à la collecte, celui de Madeleine Croset, médaillée de la Résistance par décret du 3 août 1946

Photos anthropométriques de Madeleine Croset
© Musée de l'Ordre de la Libération

De Madeleine Croset, née le 4 octobre 1913 à l’Isle-sur-la-Sorgue, l’Ordre de la Libération ne conservait que le mémoire de proposition pour l’attribution de la médaille de la Résistance française signé par Marie-Madeleine Méric, chef du réseau Alliance auquel Madeleine Croset appartenait. La collecte nationale d’archives nous a permis de recueillir de précieux documents permettant de retracer plus fidèlement son parcours dans la Résistance puis dans l’univers concentrationnaire.

Ce lot de documents comprend plusieurs correspondances adressées aux parents de Madeleine Croset pour leur donner des nouvelles de leur fille alors incarcérée à Fresnes, le manuscrit d’un poème « Noël 1943 », une lettre de Madeleine à sa famille alors qu’elle se trouve en Suède en mai 1945 après la libération du camp de Ravensbrück, un autre courrier adressé par Marie-Madeleine Méric à Madeleine après son retour en France lui demandant son témoignage de déportée et surtout lui proposant son aide pour toutes ses démarches, ses cartes de combattant et de déporté résistant, sa fiche de rapatriement de Göteborg par avion le 6 juillet 1945, ses citations et nominations (Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 14 janvier 1948,  croix de guerre avec palme), une attestation des activités dans la Résistance signée par Marie-Madeleine Méric, l’attestation officielle d’appartenance aux Forces françaises combattantes délivrée le 24 juin 1950, des photographies dont des clichés anthropométriques prises à la prison d’Offenburg.

Infirmière de profession, agent du réseau Alliance à partir d’octobre 1942 sous le pseudonyme Souris, Madeleine Croset devient chef du secteur de Lyon. Arrêtée par la Gestapo le 2 février 1943 au PC lyonnais du réseau, elle est successivement incarcérée à Montluc puis à Fresnes. Le 27 mai 1943, elle est déportée NN à Offenburg puis Freiburg. Condamnée à mort par le tribunal militaire de Berlin le 18 février 1944, elle est détenue à Stuttgart, à la prison pour femmes de Gotteszell puis au camp de Ravensbrück d’où elle sera libérée par la Croix-Rouge le 23 mai 1945. Après avoir transité par la Suède, elle est rapatriée en France le 6 juillet 1945. Marie-Madeleine Croset est décédée le 30 octobre 2011 à Saint-Didier.

Lettre du 15 mai 1945
© Musée de l'Ordre de la Libération
Fiche de départ datée du 6 juillet 1945
© Musée de l'Ordre de la Libération
Décret portant nomination dans l’ordre de la Légion d’honneur
© Musée de l'Ordre de la Libération
Carte de déporté résistant
© Musée de l'Ordre de la Libération

La SAMOL a tenu son conseil d’administration et son assemblée générale le mardi 14 mars 2023.

Le bureau de l’association est désormais composé de :

  • Président : Philippe Radal
  • Vice-Président : François Broche (qui remplace Hubert Germain)
  • Secrétaire : Didier Rousseau
  • Secrétaire adjoint : Éric Audibert (nouvel entrant au conseil d’administration)
  • Trésorier : Jean-Pierre Louise
  • Conseiller du président : Aymeric Genty

Au cours de l’assemblée générale, la SAMOL a remis au délégué national et au conservateur un lot de souvenirs du Compagnon Jean Bertin, à savoir : sa croix de Compagnon, ses insignes de chevalier, officier et commandeur de la Légion d’honneur, ses croix de guerre 14-18 et 39-45, un insigne FFI gravé à son nom et un insigne de la France libre. 
Le musée ne possédait rien sur ce héros de la Résistance intérieure qui participa, aux côtés d’André Boulloche, à un important travail de renseignements sur les travaux entrepris par l’ennemi. Il était ingénieur des travaux publics, avant de devenir l’adjoint du colonel Grandval à Nancy et de finir la guerre comme commandant des FFI en fonction dans les maquis vosgiens. Il a été nommé Compagnon de la Libération par décret du 17 novembre 1945.

Par ailleurs, après « les timbres de l’Ordre de la Libération », « Les attributs et croix de l’Ordre de la Libération » et « Bir Hakeim, évocation de la bataille à travers les collections du musée de l’Ordre de la Libération », la SAMOL a présenté « 1943, l’année décisive à travers les collections du musée ».

Cet ouvrage, riche de plus de 100 pages, a été rédigé, comme les ouvrages précédents, par des administrateurs de l’association, avec le concours précieux de l’équipe de conservation du musée.

Rappelons que cet ouvrage sera adressé à tous les membres de la SAMOL à jour de leur cotisation, et qu’il peut être par ailleurs acquis notamment auprès de la librairie du musée de l’Armée.

Enfin, à l’issue de l’assemblée générale, les participants furent nombreux à acquérir, en présence des auteurs, les ouvrages suivants : « André Bollier, artisan héroïque des journaux clandestins » (éditions du félin) par Vianney Bollier, et « de Gaulle écrivain » (BOOKELIS) par Philippe Radal.

Remise des souvenirs du Compagnon Jean Bertin le 14 mars
© Musée de l'Ordre de la Libération
© SAMOL

80e anniversaire de l'exploit de la Corvette Aconit

© Musée de l'Ordre de la Libération

Très belle cérémonie ce samedi 11 mars à Toulon pour célébrer le quatre-vingtième anniversaire de l’exploit de la corvette FNFL Aconit qui, le 11 mars 1943, sous le commandement du lieutenant de vaisseau Jean Levasseur, avait coulé deux sous-marins allemands dans l’Atlantique Nord, méritant ainsi d’être une des trois unités Marine décorées de l’Ordre de la Libération.

C’est sous un ciel azur avec un fort mistral, en présence des autorités civiles et militaires, que s’est tenue cette cérémonie organisée par la frégate Aconit, héritière des traditions de la corvette éponyme, dans l’enceinte du Fort Lamalgue, l’Aconit étant en carénage pour plusieurs mois.

La cérémonie s'est clôturée par la lecture de la déléguée AFCL, d’un message rédigé par général Christian Baptiste, délégué national de l’Ordre de La Libération, insistant sur l’importance de la transmission des valeurs qui étaient celles des Compagnons.

Plusieurs descendants d’officiers des Forces navales françaises libres étaient présents comme Marie-Jane Barnett (fille du Compagnon Jean Levasseur), son fils Rory, Marie-José Tiffou (fille de l’EV Joseph Coturel, officier ASDIC sur la Corvette Aconit) ainsi que Michel Bouchi-Lamontagne, délégué au souvenir des Marins de la France libre à la Fondation de la France Libre. 

Le 10 mai 1940, la guerre se porte à nos frontières.

Les Allemands, avec des milliers de chars, appuyés par des centaines d’avions, pénètrent aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg.

Les gares, les voies ferrées, les routes de France sont bombardées. Submergées par le nombre, foudroyées par la violence et la rapidité de l’attaque, les armées françaises et britanniques doivent se replier.

L’ennemi est aux portes de Paris le 12 juin, il franchit la Loire le 16. Les populations civiles et les réfugiés sont mitraillés et bombardés sur les routes. La bataille de France est perdue…

Mais l’espoir renaît lorsque, le soir du 18 juin 1940, depuis les studios de la radio de Londres, le général de Gaulle lance son appel.

 

Appel du 18 juin 1940

 

« Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.

Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne de l'ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.

Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !

Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.

Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule !

Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des États-Unis.

Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale.

 Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.

Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.

Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.

Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres. »

 

Jean Levasseur a 30 ans lorsqu’il entend l’appel du général de Gaulle. Il est capitaine au long cours de la Marine Marchande et officier de réserve. Quelques mois plus tard, depuis le Yémen et le cargo l’Espérance de la compagnie des Messageries maritimes, il ralliera l’Angleterre et deviendra le premier commandant de l’Aconit. Il se verra alors confier un équipage de 60 puis 80 marins dont il dira qu’il s’agit je cite « d’une magnifique union de petits gars de tous les coins de France, accourus des parties du monde les plus diverses, après des aventures bien souvent incroyables ». Très peu ont connu la Marine avant-guerre, jetés directement des bancs de l’École navale des FNFL dans la gigantesque bataille de l’Atlantique, mais tous sont prêts à se battre pour que le pavillon français flotte encore librement.

Après l’armistice, le quart de la flotte de la Marine française est neutralisé à Toulon. Le 3 juillet, de peur que les navires français ne tombent entre les mains des Allemands, Winston Churchill ordonne l’opération Catapult : les bâtiments sont saisis en Grande-Bretagne et dans l’empire britannique, immobilisés à Alexandrie et détruits à Mers el-Kébir.

Fin 1940, les Forces Navales Françaises Libres sont constituées d’une flotte hétéroclite de bâtiments de guerre, de commerce et de pêche, peu puissante et dans un état très inégal. L’amiral Muselier qui les commande reçoit alors en avril 1941 une offre des alliés : 9 bâtiments tout juste sortis des chantiers britanniques, 9 corvettes de la classe Flower.

Ces corvettes sont taillées pour les missions de chasse aux sous-marins et de chien de garde des convois traversant l’Atlantique pour ravitailler l’Europe :

  • 1380 tonnes dessinées à partir de baleiniers, agiles, simples et robustes,
  • prêtes à affronter la mer,
  • équipées pour le combat avec l’armement moderne de l’époque : un radar de veille surface RDF 271, l’Asdic 123 pour la détection de sous-marins, des grenades anti-sous-marines sur rails puis un lanceur à partir de fin 1942, le fameux Hedgehog, un canon de 102mm à l’avant et de 40mm à l’arrière.

Plus de 250 sortiront des chantiers anglais ou canadiens entre 1940 et 1942, construites en un temps record de 23 jours au plus dense de l’effort de guerre.

L’Aconit sera une de ces 9 corvettes transmises aux FNFL. Son nom – celui d’une fleur qui donne la mort, l’appelle à un glorieux destin : détruire les sous-marins allemands « par le feu et par l’éperon ». Le LV Levasseur en prend le commandement dès sa réception le 19 juillet 1941.

Le temps presse, les convois de l’Atlantique Nord attendent leurs escorteurs. Le transfert en Europe de la puissance américaine dépend en effet de la protection des lignes de ravitaillement. La bataille de l’Atlantique qui fait rage doit être gagnée à tout prix. Winston Churchill en a fait une priorité de guerre : sans cette victoire, il ne pourra y avoir d’autres batailles, ni d’autres victoires.

La survie du Royaume-Uni et l’avenir de la France sont en jeu.

Pour obtenir sa qualification, l’Aconit rejoint donc le centre d’entraînement de Tobermory dans les Hébrides, archipel reculé au nord de l’Écosse, dirigé par le redoutable vice-amiral Stephenson, pionnier de la lutte anti-sous-marine sorti de sa retraite pour apporter toute son expérience. 15 jours de navigations de groupe, de tirs au canon, de recherches de sous-marins à l’Asdic, de lancement de grenades, d’exercice de survie… L’exigeant stage de mise en condition a pour objectif de faire acquérir une réelle force morale aux équipages et une discipline rigoureuse pour faire face à l’inattendu. Pour l’amiral Stephenson, la compétence sans volonté de vaincre était en effet sans valeur au combat.

Le bâtiment est ensuite immédiatement affecté aux escortes de convois entre l’Islande et Terre-Neuve et effectue sa première mission de guerre le 3 septembre. Déjà, les jours raccourcissent et la température s’abaisse.

Sous ces latitudes, le premier des combats est celui des marins contre les éléments. En Atlantique Nord, l’Aconit affronte en effet la brume à travers laquelle les navires des convois peinent à s’apercevoir entre eux et le gros temps, de violentes tempêtes où les paquets de mer et les embruns laissent leurs stigmates de glace sur le pont. Et ce roulis… permanent, éreintant, le bâtiment ne se redressant réellement qu’au-delà de 40° de gite.

Un des premiers enjeux de l’indépendance de la France est le ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon. Le 24 décembre 1941, sans un coup de feu, l’Aconit opère donc aux côtés du sous-marin Surcouf et des corvettes Mimosa et Alysse. L’arrivée des bâtiments FNFL, commandés par l’amiral Muselier, envoie un message fort : la France libre reprend la main sur un morceau de son territoire pour se placer aux côtés des Américains et des Britanniques, à l’avant-poste de la bataille de l’Atlantique.

En effet, en cette fin d’année 1941, le centre de gravité des combats en Atlantique Nord se rapproche de Saint-Pierre. Plus l’afflux de minerais, de coton, de vivres, d’armes, de munitions, d’objet manufacturés, de pétrole, de soldats, d’aviateurs s’intensifie, plus les attaques allemandes se multiplient et disloquent les convois alliés sur la route Halifax – Saint-Jean-de-Terre-Neuve.

Les U-bootes y attaquent en meute. En bon chien de berger, la corvette va et vient sur les flancs des convois pour protéger son troupeau, mais les loups invisibles ont encore à cette époque largement le dessus, faute notamment d’un appui aérien capable d’opérer au milieu de l’Atlantique depuis les bases du Canada, de Grande-Bretagne ou d’Islande.

Les mois passent, les corvettes de la France Libre tiennent une place d’honneur dans le combat et prennent part à de nombreux engagements. Elles conquièrent l’estime des Alliés par leur endurance, leur esprit de sacrifice et leur sens marin.

Deux d’entre elles, l’Alysse, et le Mimosa du capitaine de corvette Birot, sont torpillées et offrent le sacrifice ultime de la vie de leurs marins. Jean Levasseur, qui a servi comme second du commandant Birot à son arrivée en Angleterre, annoncera alors à son équipage : « Nous les vengerons ».

Mars 1943. La guerre des convois atteint son paroxysme. Plus de cent vingt sous-marins allemands sont chaque jour en mer, dangereusement à l’affût : la tactique des meutes de dix à trente sous-marins est toujours terriblement efficace. Un mémorandum de l’Amirauté britannique affirmera ainsi « les Allemands n’ont jamais été si près de couper les communications entre le Nouveau et l’Ancien Monde que pendant les vingt premiers jours du mois de mars 1943 ». 

Le 10 mars, le convoi HX-228 formé d’une soixantaine de bâtiments, parti quelques jours plus tôt d’Halifax pour Liverpool, navigue sur huit colonnes parallèles à la vitesse de 9 nœuds. Dans son escorte, les corvettes FNFL Aconit, Roselys et Renoncule opèrent avec cinq autres unités sous les ordres du commander Tait, commandant le destroyer d’escorte anglais HMS Harvester.

Depuis 2 jours, l’Aconit opère hors du convoi avec la mission de regrouper les Liberty Ships dispersés par la tempête qui a agité les premiers jours de navigation.

Au crépuscule, le gros du convoi est en vue, les signaux réglementaires sont échangés et l’Aconit regagne son poste. La brise est faible, l’océan est calme. Les silhouettes des bateaux deviennent de moins en moins précises. Seul un petit feu brille à la poupe de chaque navire, visible uniquement dans un secteur étroit pour guider celui qui suit. Partout les veilleurs sont attentifs : plusieurs sous-marins sont signalés dans la zone ; l’ennemi rôde dans l’ombre qui vient.

Brusquement, une explosion déchirante retentit, une lueur aveuglante monte droit vers le ciel. Un transport de munitions vient d’être torpillé dans la septième colonne. Presque aussitôt, une seconde explosion, puis une troisième. La bataille est déclenchée. L’Aconit est au poste de combat en un instant, son équipe Asdic guettant le « ping », ce petit bruit caractéristique de l’appareil quand il détecte un objet sous-marin. Les veilleurs, jumelles au poing, scrutent la nuit d’encre. Bientôt une masse sombre apparaît, stoppée au milieu d’une immense nappe huileuse : il s’agit d’un des bâtiments marchands, sur le point de couler. Quelques survivants en train de mourir dans l’eau glacée sont repêchés, puis l’Aconit rejoint le convoi en zigzaguant rapidement.

Peu après 1 heure du matin, l’Harvester grenade et épéronne un sous-marin. Le bâtiment appelle l’Aconit en renfort car le choc a provoqué de grosses avaries. La corvette remonte le convoi à 15 nœuds, les machines à puissance maximale pour rejoindre son frère d’armes glorieusement touché. Soudain, une petite forme noire hors de l’eau, tout près, laissant derrière elle une frange d’écume.

Dès qu’il voit le sous-marin, le commandant réagit instinctivement :

« A gauche toute ! Prévenez la machine ! »

« Zéro la barre ! Comme ça ! »

La corvette court maintenant droit sur l’ennemi. A si courte distance, l’étrave se trouve l’arme la plus sûre et la plus efficace. Le projecteur pointe dans l’axe le sous-marin U-444.

Le choc.

L’Aconit tremble de la quille à la pomme du mât, s’arrête un instant puis reprend sa marche. En même temps, un craquement sinistre se fait entendre. L’étrave est sérieusement endommagée mais il n’y a pas de voie d’eau et le compartiment du sonar Asdic est intact. La corvette vire de bord.

 « Cinq grenades, envoyez ! »

Les explosions suivent, soulevant tout le navire. Une colonne d’eau s’élève et retombe sur le pont du sous-marin, une fumée noire l’enveloppe puis se dissipe. L’ennemi descend lentement vers les abysses pointant son étrave vers le ciel.

Rompant le silence, des cris se font entendre depuis la mer. Il ne s’agit désormais plus d’ennemis mais de naufragés que les marins victorieux doivent avoir l’honneur de secourir. Les quatre premiers prisonniers de guerre pour un bâtiment FNFL sont repêchés après de patientes manœuvres. L’un d’eux mourra le lendemain de ses blessures et sera immergé avec les honneurs militaires.

3 heures. Non loin de la corvette, à 10 degrés par tribord, l’Harvester est toujours stoppé, ses arbres d’hélice cassés à cause de son abordage sur l’U-444 entraînent des entrées d’eau dans le compartiment des machines. Bien qu’il continue de flotter, il est maintenant une cible de choix pour les sous-marins de l’amiral Doenitz. Le commander Tait l’a compris et ordonne à l’Aconit de retourner auprès du convoi qui a imperturbablement progressé vers l’Est et coure encore le risque d’être attaqué.

La corvette rallie à vitesse réduite pour préserver son étrave endommagée lorsque, dans la direction des colonnes des bâtiments, une lueur apparaît sur l’horizon, puis une autre ; les bouquets d’éclairants et les fusées illuminent la nuit d’un feu d’artifice tragique. Un nouveau combat est engagé alors que le convoi est privé de deux de ses escorteurs pour se défendre.

Au lever du jour, l’Aconit arrive sur le champ de bataille. Un lugubre spectacle s’offre aux yeux des marins français. La mer est jonchée de débris, de pièces de bois, de radeaux, de larges nappes de mazout. Des cadavres restent soutenus à la surface par leurs brassières de sauvetage. Il ne faudra cependant pas longtemps aux vents et aux courants pour disperser ce qui reste à la surface et ne plus rien indiquer des combats qui se sont déroulés à cet endroit…

En pleine journée, le convoi est maintenant en sécurité vis-à-vis de la menace sous-marine et les côtes islandaises approchant, les avions qui y sont basés vont pouvoir le couvrir. L’Aconit vire donc de bord pour retourner porter assistance à l’Harvester dont les voies d’eau l’empêcheront de se maintenir encore longtemps à flot.

Il est onze heures du matin, les mâts du destroyer se détachent de l’horizon. C’est alors qu’une colonne noire monte d’un coup à son arrière. Le choc d’une explosion sous-marine se fait sentir.

Quelques instants s’écoulent.

Un nouveau nuage apparaît et l’Harvester disparaît alors en moins de six minutes. Deux radeaux flottent, sur lesquels des hommes ont déjà grimpé tandis que d’autres nagent vers eux. A bord de l’Aconit, la pitié et la rage montent au cœur de chacun. Les horreurs de la guerre apparaissent une fois de plus dans leur sanglante réalité. Mais les ordres sont formels : contre-attaquer d’abord, sauver les rescapés ensuite.

Le sous-marin ennemi est bientôt repéré et plonge. L’Aconit met le cap sur l’endroit où il vient de disparaître. L’opérateur Asdic sous les ordres de l’enseigne de vaisseau Joseph Couturel signale un écho à cinq milles mètres. Les ordres de réglage d’immersion sont donnés, « Feu ! ». Une grenade est lancée du Hedgehog, suivie de cinq autres.

Le contact que l’Asdic a perdu par suite des explosions est repris aussitôt. Sur ses indications, le lieutenant de vaisseau Levasseur fait décrire une courbe à son navire, lance six nouvelles grenades puis ralentit et attend. Le sous-marin est là ! Ce n’est plus seulement un périscope qui apparaît, c’est le kiosque, son canon et enfin le pont d’où l’eau ruisselle. L’ennemi est blessé et fait surface à 2000 mètres sur l’arrière de l’Aconit.

« À droite toute ! Machine toute vitesse ! Paré aux pièces ! »

Désormais les canonniers sont au cœur du combat.

« Zéro la barre ! »

« Alerte droit devant !

Hausse 1800 ! Dérive zéro !

Feu de salve !

Attention… Feu ! »

Le premier coup tombe court. Un léger tangage gêne les pointeurs.

Le deuxième coup est long.

« Plus près quatre cents ! Feu ! »

Le troisième coup tombe au but. Une flamme jaillit de l’arrière du sous-marin, suivie d’une épaisse fumée noire. Un quatrième coup touche le kiosque.

« Feu continu, commencez le feu ! »

En moins d’une minute, le sous-marin n’est plus qu’une épave. Le feu a cessé. Les survivants se rendent et se jettent à l’eau. La corvette s’approche alors lentement de son redoutable adversaire maintenant terrassé et, doucement, sans heurt, pose son étrave sur lui. Le kiosque se penche, se remplit d’eau puis le sous-marin disparaît pour toujours.

Rapidement une vingtaine de rescapés de l’U-432 sont faits prisonniers. Et tandis que, sans un mot, les prisonniers gagnent les différentes soutes du bord pour y rejoindre leurs camarades captifs de l’U-444, l’Aconit se dirige vers les naufragés du Harvester qui, exténués et transis, ont assisté au combat depuis leurs radeaux. Seulement 29 des 150 membres de l’équipage du Harvester auront survécu à leur torpillage. Parmi les disparus, le commander Tait, resté sur sa passerelle, aura été emporté avec son bâtiment par la deuxième torpille.

Après les évènements du 11 mars, le convoi HX-228 n’est plus attaqué jusqu’à son arrivée à Liverpool. De retour en Ecosse à son port base de Greenock le 14 mars, l’Aconit entre immédiatement au bassin pour réparer son étrave endommagée.

À peine 1 mois plus tard, le 21 avril 1943, l’Aconit est au port, peinte à neuf, l’équipage aligné sur le pont. À l’arrière, le pavillon tricolore ; au mât de beaupré, le pavillon à Croix de Lorraine. Le général de Gaulle monte à bord du bâtiment en compagnie de l’amiral Auboyneau qui a succédé à l’amiral Muselier à la tête des FNFL.

Pour avoir rempli la tâche périlleuse, rude et obscure d’escorteur de convoi en Atlantique Nord, être le premier bâtiment FNFL à avoir capturé des prisonniers, et avoir accompli un exploit qui restera inégalé durant toute la guerre en coulant deux sous-marins en moins de douze heures, la corvette Aconit est citée à l’ordre des Forces Françaises libres. Elle reçoit la croix de Guerre 1939-1945 avec palme de vermeil et devient la première unité FNFL à recevoir la croix de la Libération.

 

Entre 1941 et 1945, l’Aconit aura escorté 116 convois, 2750 bâtiments en 728 jours de mer.

 

Marie-Jane Barnett et Marie-José Tiffou-Coturel
© AFCL
Marie-Jane Barnett (fille du Compagnon Jean Levasseur), son fils Rory saluant le capitaine de frégate, Jean-Bertrand Guyon, commandant l’Aconit.
© AFCL

Cérémonie à Amiens

© Jean-René Van der PLAETSEN

A l’initiative des autorités picardes et de l’association de la maison des anciens de la 2ème DB, deux stèles en mémoire des généraux picards de la 2e DB.

Deux stèles ont été élevées et inaugurées le samedi 25 mars dernier, à Amiens, en mémoire de Jean Crépin et de Jacques de Guillebon, tous deux Compagnons de la Libération, en présence des autorités de la région, du département et de la ville – ainsi que de nombreux membres des familles Leclerc de Hauteclocque, Crépin et Guillebon. Le colonel Michael Lentz, chef de corps du 3e RAMa, représentait ce régiment Compagnon de la Libération.

Les monuments représentant ces deux généraux, qui ont été de toute l’épopée de la 2e DB, depuis le mois d’août 1940 jusqu’à l’Indochine, encadrent désormais la statue monumentale du maréchal Leclerc de Hauteclocque.

Picards comme leur chef, Crépin et Guillebon avaient tant de points communs qu’on peut presque évoquer à leur sujet un parallélisme de destins. Même âge, même grade, polytechniciens tous les deux, artilleurs qui plus est, ils avaient l’un et l’autre choisi de servir dans les troupes coloniales à leur sortie de l’X.

Dans son discours, lu par Jean-René Van der Plaetsen petit-fils du Compagnon Crépin, le général Christian Baptiste, délégué national de l’Ordre de la Libération, a rappelé que « l’histoire multiséculaire de notre cher et vieux pays est ponctuée de ces destins exceptionnels qui marquent les esprits mais qui, si on n’y prend pas garde, deviennent souvenirs et s’estompent avec le temps ».  

 

© Jean-René Van der PLAETSEN
Stèle en hommage à Jean Crépin
© Jean-René Van der PLAETSEN
Stèle en hommage à Jacques de Guillebon
© Jean-René Van der PLAETSEN

Retrouvez les évènements du mois d'avril 2023 ci-dessous :

4.11.18.24 avril
Permanence de la collecte numérique des archives de la médaille de la Résistance française

© Musée de l'Ordre de la Libération

La collecte d’archives des médaillés de la Résistance, initiée par l’Ordre de la Libération, se poursuit en mars à la chancellerie. Elle aura lieu aussi en région au cours de l’année 2023.

Pour les Parisiens et les Franciliens ayant la possibilité de se déplacer, la collecte a lieu en salle de lecture du musée au 51bis boulevard de la Tour-Maubourg à Paris, tous les mardis de 9h à 12h et de 14h à 17h30 (sauf jours fériés et jours de fermeture exceptionnelle), sans rendez-vous préalable. Cette permanence offre la possibilité aux détenteurs d’archives de prêter leurs documents pour numérisation.  Les conditions d’un prêt pour numérisation sont fixées par un contrat. 

En savoir plus 

20 avril
Soirée culturelle

© Musée de l'Ordre de la Libération

Le 20 avril, la soirée culturelle sera consacrée au Compagnon Adrien Conus à travers l’ouvrage « Les 7 vies d'Adrien Conus ». A cette occasion, Pierre Servent, docteur en Histoire, journaliste et auteur du livre, nous fera l'honneur de sa présence.

Si vous souhaitez assister à la conférence en présentiel, l'inscription est obligatoire !

Pour ceux qui souhaitent suivre la conférence à distance :

- Sur Youtube en live : en vous rendant sur la chaine Youtube de l’Ordre pour suivre la conférence en direct : https://www.youtube.com/@ordredelaliberation8775

(Il n'est pas nécessaire d'avoir un compte sur Youtube pour suivre la conférence)
 

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