Daniel BONNIN

Issu d'une grande fratrie de neuf frères et sœurs, Daniel Bonnin est né le 19 mars 1907 à Loubillé dans les Deux-Sèvres. Son père, Daniel Bonnin, est cultivateur et sa mère, Louise Renaud, est mère au foyer. 

Lors de la grande guerre, le jeune Daniel Bonnin manque une grande partie de ses cours du fait de sa santé fragile. Il se rend néanmoins régulièrement aux cours de catéchisme, si bien qu'il quitte le foyer en octobre 1921 pour le petit séminaire de Montmorillon, puis le séminaire de Poitiers en 1927, où il étudie les lettres et les arts. L’abbé Daniel Bonnin est ordonné prêtre le samedi 17 décembre 1933 par monseigneur Costes, coadjuteur de l’évêque d’Angers.

Il est nommé prêtre à Genouillé, au sud de la Vienne, en 1935. Il sert ensuite à Smarves à partir de l'été 1938. A côté de ses fonctions paroissiales, il continue d’étudier les lettres et, après son certificat d’études latines de 1934, il obtient celui d’études grecques en novembre 1938 avec mention « assez bien » puis de grammaire et philosophie en mars 1940, mention « bien ». 

Exempté du service militaire pour raison de santé, il est tout de même mobilisé et est affecté au dépôt d’infanterie n° 172 à Agen où il arrive le 16 avril 1940. : « Voilà donc dans quelles idées nous vivons. Apprendre à tuer le plus possible de nos semblables, alors que le Christ est mort pour tous » écrit-il à cette période. Il est démobilisé en août 1940 et retourne à Smarves. 

Dès avril 1941, il intègre le réseau Louis Renard, l’un des premiers réseaux de résistance créés en France. Très actif, il fait preuve de courage face aux autorités nazies, comme lorsqu’il s’oppose publiquement à l’arrestation arbitraire de jeunes filles accusées de propagande anti-allemande. Ce courage lui vaut une première arrestation, mais il est relâché au bout de 15 jours. 

Le 30 septembre 1942, dans le cadre du démantèlement du réseau Renard, il est arrêté avec plusieurs autres prêtres poitevins. Emprisonné à la Pierre-Levée à Poitiers, il est ensuite transféré à Fresnes, puis déporté le 18 février 1943 vers le camp SS d’Hinzert en Allemagne dans un convoi "Nuit et Brouillard" (NN), destiné à faire disparaître les opposants politiques dans le secret le plus total. Marqué par une foi indéfectible et une grande bonté, l’abbé Bonnin conserve tout au long de son internement un moral fort, soutenant ses compagnons de captivité. Il est ensuite transféré dans plusieurs lieux : Wolfenbüttel, la sucrerie de Klettendorf, la prison de Breslau, puis le Kommando de Langenbielau, avant d’être de nouveau incarcéré à Breslau. 

En octobre 1944, il est envoyé au camp de Gross-Rosen, puis au sinistre camp de Mittelbau-Dora, où il tombe gravement malade. Il est alors transféré dans le camp annexe de Nordhausen, un ancien garage militaire transformé en mouroir pour les malades, où les conditions de vie sont inhumaines. 

Daniel Bonnin y meurt le 4 avril 1945, quelques jours avant la libération du camp par les Alliés, probablement des suites du souffle d’un bombardement. La médaille de la Résistance lui est décernée à titre posthume par décret du 3 août 1946.

Auteur : Maxime Bouchet