Musée de l'ordre de la Libération
Philippe KIEFFER

Philippe KIEFFER

Né(e) le 24 octobre 1899 - Port-au-Prince (HAITI)
Décèdé(e) le 20 novembre 1962 - Cormeilles-en-Parisis (95240 VAL-D'OISE FRANCE)
Compagnon de la Libération par décret du 28 août 1944
Les Unités / Réseaux / Mouvements d'appartenance du Compagnon :

Biographie

Second d’une fratrie de quatre enfants, Philippe Kieffer est né le 24 octobre 1899 à Port-au-Prince (Haïti) d’un père alsacien professeur de mathématiques et d’une mère commerçante d’origine écossaise.

Il fait ses études primaires à Port-au-Prince avant d’entrer en 1910 au collège à Jersey, chez les Jésuites. Revenu à Haïti à l’été 1916, il poursuit ses études par correspondance auprès d’une école de commerce, la Salle extension University de Chicago. En 1918, sa demande d’engagement volontaire pour la durée de la guerre reste sans suite, il ne peut être rapatrié en France pour prendre part à la guerre et n’effectue pas de service militaire.

Devenu agent de change Philippe Kieffer est dans les années trente directeur adjoint de la banque nationale de la République d’Haïti et secrétaire de la chambre de commerce de Port-au-Prince.

Rentré en France en mars 1939, il est mobilisé dans l’armée de terre le 2 septembre 1939 avant de passer dans la marine comme matelot de 2e classe un mois plus tard. Quartier-maître secrétaire, il sert à l’état-major de l’amiral Nord à Dunkerque puis, breveté interprète en janvier 1940, rejoint l’état-major de Cherbourg.

Le 18 juin 1940, il gagne Southampton à bord d’un chalutier, Le Tonneau, avec le personnel de l’état-major de Cherbourg. A Londres, où il retrouve sa sœur qui est mariée à un Anglais, il est conduit au camp d’Aintree, près de Liverpool où sont rassemblés des milliers de marins français. Philippe Kieffer fait partie de la très petite minorité d’entre eux qui, n’acceptant pas la défaite, s'engagent dans les Forces navales françaises libres, le jour de leur création, le 1er juillet 1940.

D’abord affecté sur le cuirassé Courbet, sa parfaite connaissance de l'anglais le fait rapidement nommer officier de liaison de l’état-major français de Portsmouth auprès des autorités britanniques ; il enseigne également l’anglais aux élèves de la première promotion de l’Ecole navale sur le bâtiment école Président Théodore Tissier.

Souhaitant une affectation plus active, il obtient de quitter son poste d'interprète en août 1941 et est envoyé en stage d'officier fusilier le mois suivant. Très bien noté par l'encadrement britannique, il persuade alors le vice-amiral Muselier de convaincre les Britanniques de constituer une unité de commandos de fusiliers marins de la France libre. Après de longues discussions, le principe est accepté.

Promu enseigne de vaisseau de 1ère classe en décembre 1941, il prend à la même date le commandement d'une compagnie de fusilier marins commandos dont il assure lui-même le recrutement sur la base du volontariat. En avril 1942 la trentaine d'hommes ainsi recrutés suit une formation à l’école préparatoire de Skegness puis le redoutable stage commando en Ecosse au camp d'Achnacarry puis un entraînement spécialisé pendant un an. Incorporée au n°10 Commando dès juillet 1942 la compagnie reste sous les ordres de Philippe Kieffer promu à la même date lieutenant de vaisseau.

Une quinzaine d'hommes du commando Kieffer prennent part au raid du 19 août 1942 sur Dieppe.

Le 8 octobre 1943, le 1er Bataillon de fusiliers marins commandos (1er BFMC) est créé et la troupe française, composée de deux compagnies, est affectée à l'exécution de quelques raids nocturnes sur les côtes françaises occupées, en petits groupes, dans le cadre de la préparation au débarquement.

En 1944 les efforts du commandant Kieffer sont récompensés. Le 1er BFMC est rattaché à l'un des plus glorieux commandos anglais, le n° 4 (lieutenant-colonel Dawson), au sein de la 1st Special Service Brigade (Brigadier General Lord Lovat). Les hommes que Kieffer avait réunis et entraînés, allaient être les premiers Français à débarquer pour libérer la France.

Le 6 juin, les 177 "Bérets verts" débarquent à Sword Beach et prennent pied à Ouistreham ; puis à Benouville, Amfreville et Bavant. Blessé le 6 juin, refusant de se laisser évacuer pendant deux jours, Kieffer retrouve son unité le 13 juillet, au moment où elle allait percer vers la Seine et Honfleur. Décidé à entrer à Paris avec les premiers, il prend une jeep, deux hommes, et fonce vers la capitale, à travers la Normandie à peine libérée. Il est le premier à entrer à Paris par Saint-Cloud ; quelques jours plus tard il a la fierté d'y faire défiler son unité.

Dans les combats de la libération, il a la douleur de perdreson fils Claude, âgé de 20 ans, sauvagement assassiné comme résistant par les Allemands en Seine-et-Marne le 25 août.

En octobre 1944, le capitaine de corvette Kieffer, avec son bataillon - porté à l'effectif de trois compagnies - conduit son unité à l'attaque de Flessingue et de l’île de Walcheren, clé du port d'Anvers. Puis il participe à des raids sur les îles hollandaises occupées, toujours avec le n° 4 Commando britannique.

Nommé délégué à l'Assemblée consultative provisoire en 1945 et conseiller général du Calvados (1945-1946), il est ensuite fonctionnaire international à l’Agence interalliée des réparations à Berlin en décembre 1947, puis, en 1951, à l'état-major des Forces interalliées (OTAN).

En 1949 il subit une nouvelle épreuve avec le décès de sa fille Marcelle. En 1954, après dix années dans son grade, il est nommé capitaine de frégate de réserve et deux ans plus tard, il est promu commandeur de la Légion d’honneur. Bien que déjà malade, il officie en 1961 comme conseiller technique sur le tournage du film Le Jour le plus long.

Philippe Kieffer est décédé le 20 novembre 1962 à Cormeilles en Parisis. Il est inhumé à Grandcamp-Maisy dans le Calvados.

 

• Commandeur de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 28 août 1944
• Croix de Guerre 39/45 (5 citations)
• Military Cross (GB)
• British Empire Medal (GB)

Publications :

• Béret Vert, Éditions France-Empire, Paris 1948

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