Musée de l'ordre de la Libération
Bernard CHEVIGNARD

Bernard CHEVIGNARD

Né(e) le 16 Février 1913 - Le Havre (76600 SEINE-MARITIME FRANCE)
Décèdé(e) le 15 Mars 1944 - Suresnes (92150 HAUTS-DE-SEINE FRANCE)
Compagnon de la Libération à titre posthume par décret du 20 Janvier 1946
Les Unités / Réseaux / Mouvements d'appartenance du Compagnon :

Biographie

Bernard Chevignard est né le 16 février 1913 au Havre dans une famille de six enfants. Son père, importateur, s'était marié aux Etats-Unis trois ans plus tôt avec une américaine, Mary Morris. 

Il passe sa prime enfance à Gevrey-Chambertin en Côte d'Or où sa mère s'est retirée avec ses enfants pendant la Grande Guerre.

Il est ensuite élève à Saint-Jean-de-Passy à Paris. Après avoir obtenu la première partie du baccalauréat, il devance l'appel en octobre 1933.

Il effectue alors son service militaire au 8e Régiment de dragons et suit le peloton d'élève sous-officier de réserve. Promu maréchal des logis en avril 1934, il termine son service au 3e Bataillon de dragons portés à Lunéville. Libéré à l'automne 1934, il devient employé dans une entreprise de transports de Levallois-Perret puis exerce différents métiers temporaires.

Bernard Chevignard est rappelé fin août 1939, à la veille de la déclaration de guerre, dans la cavalerie comme maréchal des logis au 73e GRDI. Cité à l'ordre de la Division lors de la campagne de France, il est fait prisonnier vers le 20 juin et est interné à Reims d'où il réussit à s'évader en septembre 1940.

De retour à Paris, Bernard Chevignard passe clandestinement en zone libre et est démobilisé en octobre 1940. En décembre 1940, il se porte volontaire pour encadrer les chantiers de jeunesse et est envoyé à l'Ecole nationale des cadres de la jeunesse d'Uriage en Isère qui se démarque rapidement de la politique de collaboration de Vichy, sous l'influence d'Emmanuel Mounier et Hubert Beuve-Méry, entre autres.

Mais désirant agir concrètement, il quitte les Chantiers de jeunesse en septembre 1941 et rentre à Paris où il retrouve sa famille, aussi opposée que lui à l'occupation.

Sans avoir pu trouver de structure, il se livre alors "en amateur" à des sabotages contre l'armée allemande.

En mars 1943, Bernard Chevignard rencontre le Dr Wetterwald, fondateur avec le Dr Vic-Dupont du réseau "Turma-Vengeance". Le Dr Wetterwald le charge de constituer et d'entraîner une section spéciale, chargée de protéger les membres du mouvement et de réaliser des sabotages et des attentats.

Dépourvu de moyens, il parvient néanmoins à recruter, à armer, à habiller un groupe d'action puis à organiser deux sections en volant aux Allemands voitures, essence, armes, uniformes et papiers lors d'une succession d'opérations extrêmement risquées qu'il dirige personnellement.

En province, à Nevers, Fourchambault et Evreux, où il fait de nombreux déplacements, il monte des sections d'action semblables aux siennes.

Il participe notamment, le 16 juin 1943, à l'exécution d'une sentinelle aux environs du viaduc de Chantilly où se prépare un sabotage et met également au point la destruction de la ligne téléphonique Paris-Bruxelles-Berlin.

En juillet 1943, sa mère -qui hébergeait un aviateur américain- est surprise à son domicile parisien par les Allemands à la recherche de Bernard ; déportée à Ravensbrück elle décède peu après son retour en 1945.

A Paris, avec son jeune adjoint Michel Pelletier, il fait plusieurs coups d'éclats sous les yeux des Allemands, comme des vols de voiture, à cinq reprises, rue Lauriston et avenue des Champs-Elysées en août 1943. Par deux fois, il est poursuivi à travers Paris par les autorités qui tirent sans parvenir à l'atteindre.

Au total, la section spéciale de "Vengeance" réussit une centaine d'actions sous sa direction.

Le 22 août 1943, il est surpris à la piscine Molitor où il tentait de s'emparer d'uniformes allemands. Bernard Chevignard réussit à s'échapper en passant à travers une baie vitrée, mais il est rattrapé dans la rue, sous les yeux de sa sœur qui l'attendait avec une bicyclette.

Interné à la prison du Cherche-midi, il est livré aux Allemands en septembre 1943. Transféré à Fresnes, il est torturé à plusieurs reprises.

Le 3 mars 1944, en même temps que son ami Michel Pelletier arrêté en province quelque temps après lui, et avec trois autres camarades, Albert Koulmann, François Sachetti et André Tavernier, il est condamné à mort par un tribunal militaire allemand, à la suite des aveux de Koulmann. Le 15 mars 1944, les cinq hommes sont fusillés au Mont Valérien à Suresnes.

Bernard Chevignard a été inhumé au cimetière d'Ivry. En 1949, son corps est transféré dans le caveau familial du cimetière de Dijon.

En septembre 1944, son jeune frère Alain, est fusillé sans motif par les Allemands en déroute dans le village de Charmes-sur-Moselle, dans les Vosges.

• Chevalier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 20 janvier 1946
• Croix de Guerre 1939-1945 (2 citations)

Retour haut de page