
Pierre LE BIHAN
Biographie
Né le 12 décembre 1893 à Plouaret (Côtes-d’Armor, ex Côtes-du-Nord), Albert Pierre Le Bihan est incorporé le 26 novembre 1913 comme soldat de 2e classe au 47e régiment d’infanterie. Il est promu caporal le 16 septembre 1914. Le 4 décembre suivant, il est blessé à Arras par éclat d’obus dans la cuisse. Il obtient le grade de sergent le 4 mars 1915. Affecté au 48e régiment d’infanterie, il est grièvement blessé par balle à l’aine gauche à Marquise-en-Champagne le 10 février 1916. Cette blessure lui vaut une citation à l’ordre de l’Armée avec attribution de la croix de guerre avec palme (Journal Officiel du 29 mars 1916). Le 4 mars, la Médaille militaire lui est également décernée (Journal Officiel du 29 mars 1916). La guerre s’arrête là pour ce sous-officier qui est ensuite transféré d’hôpital en hôpital. En février 1919, le centre de réforme de Saint-Brieuc le place en service auxiliaire puis le 22 août 1921 il est mis en congé de démobilisation.
En mars 1919, il s’installe boulevard Victor Hugo à Saint-Ouen puis le 14 décembre 1929 à Chatou, 79 route de Carrières. Durant la guerre, il est domicilié dans cette même localité, 44 rue des Beaunes.
Albert Le Bihan est mobilisé le 4 octobre 1939 à Rueil-Malmaison mais est renvoyé dans ses foyers jusqu’à nouvel ordre. Il reprend alors son activité de fumiste. Du 4 avril 1938 au 5 février 1943, il est employé en qualité de chef-fumiste aux établissements Paul Ferbeck & Vincent, 2 rue Blanche à Paris (9e).
En août 1943, il intègre le groupe de Chatou du Front national sous les ordres de René Robert (groupe dépendant de la 6e région Ile-de-France commandée par Jean Bonet dit Lacotte), puis en août 1944 la section locale des Forces françaises de l’intérieur sous les ordres d’Auguste Torset avec le grade d’adjudant de compagnie. Il participe alors à plusieurs opérations de récupération d’armes et de matériel puis aux combats de la libération entre le 13 et le 25 août 1944. Le PC des FFI étant installé au château de la Pièce d’Eau, Albert Le Bihan y tient la fonction de chef responsable du service intérieur. Le 25 août 1944, un détachement allemand attaque le PC. Albert Le Bihan se charge de l’évacuation des papiers compromettants puis revient volontairement au château considérant que sa place est auprès de ses camarades de combat. Plusieurs résistants sont frappés violemment avant d'être fusillés. Mais ce n’est pas suffisant pour les Allemands qui veulent punir ces "terroristes". Les SS désignent douze nouvelles victimes qui sont frappées violemment avec des tessons de bouteilles et la crosse des fusils avant d’être abattus à bout portant. Trois FFI, Martial Fleury, Jean Le Carou et André Couespel, sont obligés de creuser une tombe pour les fusillés, puis une pour eux avant d'être exécutés à leur tour. Au total, 27 FFI tombent sous les balles ennemies.
Le 11 décembre 1945, Albert le Bihan est cité à l’ordre de la division à titre posthume avec attribution de la croix de guerre avec étoile d’argent : « Adjudant de carrière, âgé de 50 ans, est entré dans la Résistance en 1943, a organisé la défense du château de Chatou le 25 août, après avoir évacué tous ses documents, a rejoint son poste en disant « Ma foi, c’est ici, j’y vais ». Fait prisonnier par les Allemands, est fusillé, est mort en brave ». Par décision de la Commission nationale d’homologation des grades obtenus à titre FFI en date du 9 octobre 1947, Albert Le Bihan est homologué au grade d’adjudant FFI. Le titre d’interné résistant lui est attribué le 1er mars 1957. La Légion d’honneur lui est décernée à titre posthume par décret du 22 août 1950 (Journal Officiel du 25 août 1950) et la médaille de la Résistance française par décret du 3 juin 1960 (Journal Officiel du 10 juin 1960).