
Louis Paul BASCAN
Biographie
Né le 9 novembre 1868 à Paris d'un père artisan-tailleur et d'une mère confectionneuse, Louis Bascan se présente en 1884 au concours d'entrée à l'École normale de Beauvais qu'il réussit avec succès. Au bout de trois années d'études, il obtient son premier poste d'instituteur dans l'Oise. L'année suivante, il intègre l'École normale supérieure de Saint-Cloud. Il décroche en même temps une bourse de séjour de deux ans en Angleterre où il réalise un mémoire de littérature en anglais. Diplôme en poche, il est alors nommé professeur à l'école normale de Laval en 1890. Le 17 janvier 1907, Louis Bascan devient directeur de l'école primaire supérieure de Rambouillet. En 1919, il sollicite un poste de professeur à Paris. Il est alors nommé au lycée Jean-Baptiste Say et conserve ce poste jusqu'à sa retraite.
Dreyfusard de la première heure, il adhère à la Ligue des droits de l'homme et devient en 1910 président de l'Amicale des instituteurs de Seine-et-Oise, avant de fonder dans les années vingt "Les Amitiés Laïques". Autant d'officines où il peut partager ses idéaux républicains dans le but, comme il l'écrivait alors " de sauver ce qu'il y a de meilleur en nous en le rattachant à quelque chose d'éternel comme la liberté, la justice, la bonté, la fraternité humaine " (Louis Bascan, Louiset Vignol, enfant du peuple, Paris, Editions de Paris, 1937, page 240). Son entrée dans la franc-maçonnerie est l'occasion pour lui d'approfondir son engagement et ses convictions. Il est initié en 1894 dans la loge "Etoile de l'Espérance" du Grand Orient de France de Beauvais. L'année suivante, il reçoit en même temps les grades de compagnon et de maître. En mai 1907, à Versailles, il s'affilie à la loge des "Amis philanthropes et discrets réunis". Vénérable de cette loge à deux reprises au début des années vingt et au milieu des années trente, il exerce, entre 1923 et 1933, les hautes fonctions de Grand chancelier. Pendant sa deuxième période de Vénérable, il est élu Très sage du chapitre et le reste jusqu'à la guerre.
Le choix de la Résistance pour Louis Bascan s'inscrit dans la continuité de ses engagements. Le vieil homme – il a 72 ans en novembre 1940 - qui avait contribué de toutes ses forces à la promotion des valeurs républicaines, ne peut se reconnaître dans un régime qui en était la négation et qui, de surcroît, collaborait avec l'occupant nazi. Un de ses anciens élèves, le colonel Fosse, qui a rejoint l'Organisation civile et militaire (OCM), le contacte dès 1941. Sa petite maison de Viroflay devient tour à tour bureau de renseignement, centre de diffusion de journaux et de tracts, et de confection de faux papiers pour réfractaires. Il recueille des renseignements pour Libération-Nord (groupe de Versailles) et Ceux de la Libération (groupe de Saint-Germain-en-Laye).
Le 27 juin 1944, à la suite d'une dénonciation, il est arrêté à son domicile. Conduit à la prison Saint-Pierre de Versailles, il est transféré à Fresnes puis déporté le 15 août à Buchenwald. Epuisé par la fatigue et la dysenterie, il y meurt le 8 novembre 1944.
Louis Bascan a été homologué sous-lieutenant au titre du réseau Ceux de la Libération (JO du 1er novembre 1947) et a reçu la médaille de la Résistance à titre posthume (1946) avec le motif suivant : "Agent de SR en territoire occupé par l'ennemi. Membre de Ceux de la Libération depuis 1941, affecté au service de renseignements. Arrêté en 1944, déporté en Allemagne, a payé de sa vie son dévouement à la cause de la libération nationale". Aujourd'hui, une rue de Viroflay et un lycée de Rambouillet portent son nom et rappellent ainsi son sacrifice.