Musée de l'ordre de la Libération
Georges GUINGOUIN

Georges GUINGOUIN

ALIAS : Raoul

Né(e) le 02 February 1913 - Magnac-Laval (87190 HAUTE-VIENNE FRANCE)
Décèdé(e) le 27 October 2005 - Troyes (10000 AUBE FRANCE)
Companion of the Liberation par décret du 19 October 1945
Les Unités / Réseaux / Mouvements d'appartenance du Compagnon :

Biographie

Alias : Raoul

Georges Guingouin est né le 2 février 1913 à Magnac-Laval (Haute-Vienne). Son père, sous-officier de carrière, est mort pour la France le 28 août 1914 dans la région de Bapaume. Sa mère était institutrice.

Après des études à l'Ecole primaire supérieure de Bellac, il intègre l'Ecole normale d'instituteurs de Limoges. Appelé sous les drapeaux en 1934 comme secrétaire d'état-major à la 6e Compagnie du Train à l'Ecole militaire à Paris, il est ensuite nommé au poste d'instituteur à Saint-Gilles-les-Forêts (Haute-Vienne) dont il devient secrétaire de mairie.

Militant communiste depuis 1935, il est secrétaire du rayon d'Eymoutiers comprenant les cantons de l'est du département.

Mobilisé le 23 août 1939 au groupe de transport 120/124, blessé le 17 juin 1940, il est évacué à l'hôpital Sainte Madeleine de Moulins-sur-Allier.

Le 18 juin, la ville est attaquée par les Allemands. Se refusant à être fait prisonnier, Georges Guingouin rejoint sous la mitraille le poste de secours de l'unité qui défendait la ville et se fait évacuer sur Montluçon.

Revenu dans ses foyers et remis de ses blessures, il commence immédiatement, sous le pseudonyme de Raoul, à renouer les liens avec les militants du parti communiste clandestin. Il forme des groupes, édite et diffuse des tracts du Parti et confectionne des fausses cartes d'identité. Ayant repris son poste d'instituteur à la rentrée, il est révoqué au bout de quelques semaines en octobre 1940 comme militant communiste.

Il poursuit ses activités clandestines et, en février I94I, il échappe de peu aux inspecteurs de police venus l'arrêter. En avril, il "prend le maquis", se réfugiant chez des amis et dans une sapinière de la commune de Soudaine-Lavinadière en Corrèze. A la tête d'une imprimerie clandestine, Georges Guingouin vit dans les plus dures conditions, tantôt dans des cahutes, des maisons inhabitées ou même dans des souterrains. Il organise des distributions massives de tracts lors des grands rassemblements que sont les foires.

Des arrestations en cascade le contraignent à s'exiler en Corrèze de juillet 1941 à juillet 1942. Il y prend de nouvelles responsabilités au sein de la direction du PC corrézien et crée les premiers groupes armés. Il réalise néanmoins des actions en Haute-Vienne. Ainsi, le 1er octobre I94I, à Saint-Gilles-les-Forêts, il enlève un stock de cartes d'alimentation à la mairie. Le 26 janvier 1942, il est condamné par contumace par le Tribunal militaire de la 12e Région aux travaux forcés à perpétuité.

En mai 1942, Gabriel Roucaute, l'un des dirigeants du Parti communiste en zone sud, lui demande de déplacer son action à Limoges, considérant qu'elle doit être menée essentiellement dans les centres urbains. Georges Guingouin s'y refuse, ne voulant pas abandonner les hommes qu'il a organisés en groupes de combat. A la fois chef et soldat, il va diriger de nombreuses actions de sabotage.

De retour en Haute-Vienne, il y développe la résistance militaire dans les secteurs d'Eymoutiers, Saint-Léonard, Châteauneuf et Saint-Germain-les-Belles. Le 12 décembre 1942, il donne le signal d'une campagne qui empêchera la livraison de fourrage aux Allemands en faisant détruire dans la région les botteleuses du ravitaillement général destinées aux réquisitions de foin imposées par le gouvernement de Vichy. En août 1943, pour empêcher les récoltes et donc les réquisitions, il fait sauter cinq batteuses de blé simultanément. Enfin, il s'oppose ouvertement à l'autorité de Vichy en signant de son nom les affiches du "Préfet du maquis" qui imposent un barème plus rémunérateur pour les produits agricoles et oblige les meuniers à revenir à un taux de blutage normal.

Des actions multiples, qu'il dirige personnellement, sont entreprises contre les moyens de transport, les usines, etc. Les plus importantes sont l'enlèvement de 1 772 kg de dynamite à Puy-les-Vignes le 25 janvier 1943 et la destruction du viaduc de Bussy-Varache le 13 mars 1943. C'est à ce moment qu'il constitue le maquis de la forêt de Châteauneuf. L'économie de guerre allemande est frappée par la destruction de deux chaudières à l'usine de régénération de caoutchouc Wattelez à Limoges le 9 mai 1943. Puis une atteinte sévère est portée aux communications de l'armée allemande, le 11 juillet 1943, par le sabotage du câble téléphonique souterrain reliant la base des sous-marins de Bordeaux à l'état-major de la Kriegsmarine à Berlin.

Dès janvier 1944, la zone d'influence du maquis de Châteauneuf dirigé par Georges Guingouin, couvre tout l'est de la Haute-Vienne. Le maquis affronte les forces de l'ordre de Vichy lors de nombreuses attaques et embuscades : au château de Farsac, le 5 février 1944, aux combats de la Ribeyrie le 11 février 1944, de Plainartige en avril 1944, et de Martoulet en mai 1944.

Le maquis de Châteauneuf, devenu la 1ère Brigade de marche limousine, structuré en compagnies et bataillons, compte, début juin 1944, environ 1 000 combattants. Le 9 juin 1944, le maquis tient tête à une colonne de la Division SS Das Reich et subit plusieurs attaques aériennes.

Objet d'une offensive terrestre des Allemands entre le 17 et le 24 juillet 1944 au Mont Gargan, la 1ère Brigade du colonel Guingouin perd 97 tués et blessés infligeant à l'ennemi des pertes d'environ 250 soldats tués et blessés.

Le 3 août, le colonel Guingouin devient chef départemental des FFI de Haute-Vienne. A la tête de 8000 hommes et avec l'aide d'une mission militaire interalliée, il prépare les opérations de libération de Limoges. Il exige la capitulation de la garnison de la ville encerclée par la 4e brigade FFI. Le 21 août, le général Gleiniger accepte de capituler mais ce dernier doit faire face à la rébellion du 19e Régiment de police SS. Profitant du fait que les maquisards ont abandonné leurs postes de combat pour entrer pacifiquement dans la ville, cette unité s'échappe vers la Creuse. Une partie de la garnison ennemie comprenant 13 officiers et 350 hommes se rend alors et, le soir, Limoges est libérée.

Au lendemain de la libération de Limoges, Georges Guingouin, qui a sous ses ordres 20 000 combattants, se consacre à la sécurité de la ville et à la formation d'unités militaires pour le front. Gravement blessé dans un accident automobile le 20 novembre 1944, il est longuement hospitalisé et réformé en avril 1945.

Elu maire de Limoges de 1945 à 1947, il est exclu du parti communiste avec lequel il entretenait depuis la guerre des rapports conflictuels. Il reprend sa profession d'instituteur dans l'Aube, à partir de 1952, successivement à Montieramey, Saint-André-les-Vergers et Troyes.

Lieutenant-colonel honoraire, il prend sa retraite en 1968 et publie plusieurs ouvrages sur ses activités dans la Résistance et sur l'incroyable erreur judiciaire qui lui a valu, après-guerre, d'être emprisonné dans des conditions très pénibles.

Georges Guingouin est décédé le 27 octobre 2005 à Troyes dans l'Aube. Il est inhumé à Saint-Gilles-les-Forêts.


• Commandeur de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 19 octobre 1945
• Croix de guerre 39/45 avec palme
• Médaille de la Résistance avec rosette
• King's Medal for Courage (GB)
• Acte de Reconnaissance de la Nation américaine
• Médaille Garibaldienne

Publications :

• Documents et récit sur la libération de la ville de Limoges, Limoges 1945
• Nouvelle de Prison, Limoges 1955
• Quatre ans de lutte sur le sol limousin, coll. Libération de la France, Paris 1974
• Georges Guingouin, Premier maquisard de France, Limoges 1983

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